28 mars 2010
Bon alors, une semaine après, il nous dit quoi, finalement, ce scrutin?
Cela fait maintenant une semaine que le vote sanctuarisant le rapport gauche/droite a eu lieu. Une semaine à écouter les uns les autres, à regarder les résultats, à réfléchir un peu et à se souvenir des cours de sociologie politique pour essayer sereinement d’analyser et de comprendre les résultats sortis des urnes. Et en tirer les conclusions politiques nécessaires.
Ce qui est clair tout d’abord est la baffe mémorable que la droite a reçu. Tout autre commentaire, infirmant ou confirmant, n’a pas raison d’être sauf à faire preuve d’une mauvaise foi quasi hérétique. A noter des bons scores dans les bureaux des quartiers populaires : la gauche retrouverait elle le chemin des « pauvres » ?
Sans vouloir faire d’enfilage de perle, la montée du FN apparaît comme la deuxième des évidences à laquelle répond la chute de l’extrême gauche sans doute au profit du Front de Gauche. Si le retour du FN s’explique par une politique et un discours « décomplexé » de la droite sur certains fondamentaux qu’elle a du mal à faire rentrer dans le 21e siècle (le pays, le libéralisme, l’ordre,…) autrement que par réaction, la chute du NPA s’explique a priori par la présence d’une alternative au PS, rôle avant tenu par les Verts mais qui, par leur association au pouvoir, ont perdu cette radicalité, et aujourd’hui endossé par le Front de Gauche de Mélenchon.
La véritable équation de schrödinger de cette élection réside dans le comportement des abstentionnistes… un pays sur deux, une région sur deux, une ville sur deux, un village sur deux, un arrondissement sur deux et un immeuble sur deux ont pris la peine de passer par l’isoloir.
Passons sur le discours de la mise en place de l’obligation du vote et de la comptabilisation du vote blanc… Pour moi, cela est sans intérêt car cela revient à 1/ faciliter le travail des analystes politiques qui pourront plus facilement parler d’ « élection illégitime » et on a envie de répondre « and so what ? on fait quoi ? on recommence le scrutin ? on ne se donne que la moitié d’une assemblée ? » 2/ condamner un comportement politique parfois réfléchi 3/ infliger une double peine à celles et ceux qui délaissent les élections car trop dans la panade pour penser à ce droit.
Je préfère, à l’instar de Jospin quand ce dernier avait permis l’inscription automatique des jeunes majeurs sur les listes électorales, me poser la question de la facilitation et de la sécurisation du vote électronique à distance afin de rendre ce droit très facilement utilisable.
Si l’on veut vraiment s’intéresser à l’abstention, je crois qu’il faut analyser celles de deux classes sociales : les classes populaires et les classes moyennes, voire moyennes sup.
L’abstention des classes populaires, d’abord. Quand on est dans la mouise (et il suffit de regarder les grandes données économiques, les situations sociales évoluer et la politique du gouvernement pour se rendre compte que c’est le cas), on attend éventuellement de l’usage du vote un changement concret, plausible et rapide. Jamais la droite ne l’a eu. Et pour cause. La Gauche l’a eu par les communistes quand le mythe vivait. Le PS rarement. La dernière fois, et il faut lui reconnaître, c’était avec Ségolène Royal lors des dernières présidentielles, via un mélange de confiance et surtout d’antisarkozisme. Ce qui prouve en tous cas que le lien entre les classes pop’ et nous n’est pas définitivement rompu. Notre unité retrouvée, notre opposition constante à Sarkozy et à son gouvernement nous ont permis d’obtenir un bon résultat parmi les votants populaires. Il nous reste cependant toute une frange de cette électorat à convaincre de notre capacité et de notre volonté.
L’abstention des classes moyennes, ensuite. Je crois qu’il faut l’analyser en lien avec les résultats d’Europe Ecologie. Dans un quartier comme le 3eme, l’électeur sur deux qui s’est déplacé pour voter a fait le choix de la gauche à 60% mais dans cette gauche, un peu moins d’une fois sur deux il a fait le choix de Cécile Duflot. Et parmi les abstentionnistes du 3e, je ne vais pas vous faire un dessin pour vous expliquer que sans doute 80% d’entre eux font partie des classes moyennes ou moyennes sup…
Donc… Et bien peut-être qu’il y a un début et de construction et de théorisation du vote écolo et sans doute une prise de conscience de… comment dire… un côté immature ? frivole ? insouciant ? du vote écolo. Si d’un côté, certains aspirent à un modèle de développement faisant plus de places à des comportements durables dans tous les domaines, d’autres en sont revenus de l’adition d’individualités, sans logique aucune et attendent l’union de la gauche pour en retrouver le chemin dès le premier tour.
Cette situation nous interpelle car c’est bien la première fois depuis au moins vingt ans que le leadership du PS sur la Gauche est autant mis en jeu (surtout avec l’appel du 22 mars et sa possible résonnance). Alors que faire si notre situation laisse de la place à d’autres ?
Sans doute réfléchir à notre union car c’est une situation qui semble à défaut de plaire en tous cas ne pas déplaire à une partie de notre électorat potentiel. Et cette réflexion sur notre union nous amène à la logique des primaires : un candidat de la gauche, et donc un seul mouvement pour en raconter l’histoire et l’installer. Quelle révolution. Car pour cela il faut penser l’engagement militant autrement que dans un parti, sur le marché le dimanche matin ou dans les livres de nos aïeux. Pour certains, hérésie. Pour d’autres, dont je suis, une aspiration.
Et puis aussi, nous refaire non pas une santé, mais une physiologie. En étant d’accord entre nous au sein du parti sur un constat et avec l’extérieur (assocs, intellos, syndicats,…) sur des nécessités. Car c’est ainsi que la Gauche pourra faire vraiment partager un nouvel objectif, une nouvelle envie, de nouveaux enjeux.
Et les deux sont indissociables.
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