"Il y a 137.000 enfants parisiens concernés. Or il y a unanimité sur un point, la semaine de quatre jours n'est pas bonne pour eux, pour leur santé (...) au bout de trois mois de travail de concertation, d'amélioration, d'enrichissement, je dis "ce progrès souhaitable et souhaité est possible" : C'est en ces termes que le maire de Paris a annoncé lundi 18 mars qu'il proposerait un voeu au Conseil de Paris la semaine prochaine pour adopter la réforme des rythmes éducatifs en 2013. Le voici en son intégralité ci-dessous. Et pour de plus amples informations, cliquez ici.
Vœu de l’exécutif – Conseil de Paris des 25 et 26 mars
Considérant
que l’abandon de la semaine de quatre
jours et demi en 2008 a été condamné par la quasi-unanimité des acteurs du
monde de l’éducation, et notamment par les organisations syndicales enseignantes,
les associations de parents d’élèves, les mouvements d’éducation populaire et
les représentants des collectivités locales signataires de l’Appel de
Bobigny ;
Considérant l'impact négatif
du passage à la semaine de quatre jours sur la santé des enfants, leur réussite
et la réduction des inégalités ;
Considérant les éléments
objectifs permettant d'escompter de cette réforme des progrès nets et immédiats
pour la santé des enfants (avis de l’Académie de Médecine), leur attention en
classe, et partant le niveau scolaire général ;
Considérant que la réforme
des rythmes scolaires doit s’inscrire ainsi dans une démarche globale visant à
favoriser les conditions d’apprentissage, la réussite éducative des enfants et
à réduire les inégalités ;
Considérant les initiatives
fortes prises par le gouvernement, avec notamment 60.000 recrutements
supplémentaires, pour réhabiliter une école mise à mal au cours de la dernière
décennie ;
Considérant le décret
n°2013-77 du 24 janvier 2013 relatif à l'organisation du temps scolaire dans
les écoles maternelles et élémentaires qui dispose que la réforme des
rythmes scolaires a vocation à s’appliquer dès la rentrée scolaire 2013 mais
qu’en cas de difficultés particulières, les collectivités territoriales ont la
possibilité de solliciter avant la fin du mois de mars une dérogation d’un an
auprès du directeur académique des services de l’éducation nationale ;
Considérant l’ampleur de la
concertation menée auprès des Parisiens dans le cadre de réunions publiques, à
l’échelle parisienne et dans chaque arrondissement mais également dans le cadre
d’une vaste consultation sur Internet, qui a permis de recueillir l’avis de 13 000
personnes ;
Considérant la richesse des
travaux de la commission qui a rassemblé des conseillers de Paris de toutes les
sensibilités politiques pour expertiser les conditions de la réforme et en
auditionner les principaux acteurs ;
Considérant le dialogue
conduit parallèlement avec les représentants des parents d’élèves, des
enseignants et directeurs d’école, ainsi que des personnels de la ville ;
Considérant l’enrichissement
permanent du projet de réforme auquel la concertation a contribué, notamment en
permettant de revenir sur l’hypothèse d’un allongement de la pause méridienne,
ou encore en signalant la nécessité de renforcer la présence de personnels de
la Ville dans les écoles pour permettre aux enseignants de se consacrer
pleinement à leur mission ;
Considérant la capacité de
la Ville à proposer, en lien avec l’Académie de Paris, aux enfants un temps
périscolaire à la fois ambitieux, reposant et correctement articulé au temps
scolaire, dans le cadre d’un projet éducatif de territoire ;
Considérant l'intérêt pour
les enfants de pouvoir bénéficier de cette offre renforcée et élargie d'activités
dans des domaines aussi variés que la science, la culture et le sport, dans une
ville où la richesse et la diversité des découvertes possibles peuvent et doivent
être mises au service de la réduction des inégalités ;
Considérant que 5000 enfants
en situation de handicap sont aujourd’hui scolarisés à Paris et que les
nouveaux temps périscolaires qui seront créés par la réforme ont vocation à
accueillir tous les enfants, quelle que soit leur situation ;
Considérant l'intérêt pour
les parents de pouvoir choisir la formule la plus adaptée à leur situation en
inscrivant ou non leur enfant aux activités périscolaires proposées ;
Considérant la nécessité de
proposer des avancées pour les conditions de travail des enseignants ;
Considérant l'intérêt pour
les personnels de la Ville de se voir proposer des progrès sociaux tangibles
dans le cadre de la réforme ;
Considérant la capacité de
la Ville à conduire la réforme dans de bonnes conditions pour une mise en œuvre
en septembre 2013;
Considérant la mobilisation
de l’Etat par le biais du fonds d’amorçage qui permettra à Paris de disposer
d’une aide de 6,5 M€ en année pleine et les engagements de la CAF de participer
au financement de la réforme dès lors qu’elle permettra une amélioration
qualitative de l’accueil des enfants ;
Considérant que le report de
la réforme en 2014 ferait peser une hypothèque sur sa mise en œuvre dès lors
que la concertation nécessaire ne pourrait être conduite en toute sérénité au
premier trimestre 2014 ;
Le Conseil de Paris sur proposition du Maire de
Paris, de la Première adjointe et des adjointes et adjoints chargés de la vie
scolaire et de la réussite éducative, de la culture, du sport, des ressources
humaines, des finances et du budget, des personnes en situation de handicap, de
la santé, du développement durable et de l’environnement et de la petite
enfance ainsi que des maires des 2ème, 3ème, 4ème,
9ème, 10ème, 11ème, 12ème, 13ème,
14ème, 18ème, 19ème et 20ème
arrondissements, émet le vœu :
- que la
ville de Paris engage dès la rentrée 2013 la réforme des rythmes
éducatifs ;
- que des
activités périscolaires gratuites soient organisées les mardis et vendredis de
15h à 16h30 dans les écoles élémentaires, la demi-journée supplémentaire de
classe ayant lieu le mercredi matin ; que le même dispositif soit mis en
œuvre dans les écoles maternelles au terme d’une discussion spécifique ;
- que cependant, comme le prévoit le décret, les
conseils d’école puissent soumettre au directeur académique des services de l’Education
Nationale une organisation différente de la semaine, correspondant à la
spécificité du projet d’école ; que les conseils d’école pourront également
proposer des enrichissements adaptés à leur projet ;
- que les
contenus de ces activités soient différenciés en fonction des cycles de l’école
primaire pour s’adapter au rythme d’apprentissage et au développement des
enfants ;
- que les possibilités d’intervention des
associations parisiennes sur le temps périscolaire soient accrues, concourant ainsi à donner aux enfants une plus grande
ouverture sur leur quartier et sur le monde ;
- que ces activités périscolaires contribuent à
doter tous les petits Parisiens d’un capital commun en leur permettant de
construire leur identité personnelle et contribuent à leur émancipation et leur
construction en tant que futurs citoyens en leur proposant notamment des
activités autour de la vie en collectivité, du sport, de la musique, de la
science, des arts visuels, de l’éveil corporel, de l’égalité fille-garçon, du
numérique, de l’environnement, de la prévention routière et de la santé ;
que l’ensemble de ces activités permettent de lutter concrètement contre les
inégalités ;
- que cette offre d’activités périscolaires
diversifiée et de qualité soit déployée grâce à la mobilisation et au
savoir-faire des personnels de la Ville et des partenaires extérieurs, dans une
Ville où la richesse et la diversité des découvertes possibles peuvent et
doivent être mises au service de la réduction des inégalités ;
- que les enfants scolarisés en situation de
handicap puissent pleinement bénéficier de ces nouvelles activités
périscolaires en renforçant, là où c’est nécessaire, les équipes d’animation et
en développant la formation des animateurs en mobilisant notamment le centre de
ressources « Enfance handicapée » de la direction des affaires scolaires ;
que les auxiliaires de vie scolaire (AVS et AVSI) qui accompagnent les enfants
en situation de handicap sur le temps scolaire se voient proposer des
compléments horaires pour apporter leur appui aux enfants sur l’ensemble des
temps périscolaires ;
- qu’en complément de cette mobilisation les crédits des classes de découverte soient
pour le budget primitif de 2014 rétablis à leur niveau de 2011 et que, dès le
budget supplémentaire, les crédits nécessaires soient mobilisés à due
proportion pour les quatre premiers mois de l’année scolaire 2013-2014 ;
- que le
budget supplémentaire qui sera présenté en juillet 2013 soit l’occasion de
voter les moyens nécessaires à la mise en œuvre de l’ensemble de ces orientations
pour les quatre premiers mois de l’année scolaire et de fournir au Conseil de
Paris des perspectives budgétaires précises pour le futur budget primitif 2014 ;
qu’en tout état de cause l’effort consenti par la Ville de Paris pour cette
réforme ne pèsera pas en termes de ressources humaines sur les autres
directions ;
- que cette
organisation nouvelle soit l’occasion d’améliorer la prise en charge des
enfants à la pause méridienne, notamment par une progression significative
du taux d’encadrement et par la fidélisation et la formation des
animateurs ;
- que pour mener à bien cet objectif la Caisse
d’allocations familiales confirme ses engagements vis-à-vis de la
collectivité ;
- que la
réforme soit l’occasion de progrès significatifs pour les personnels de la
ville, avec notamment la titularisation de 450 agents contractuels dès 2013,
dont une majorité travaille dans les secteurs scolaires et périscolaires ;
le recrutement par concours de 80 animateurs supplémentaires dès 2013, dont 50
issus de la voie interne ; l’accélération du plan de déprécarisation des
personnels vacataires de la DASCO, de la DAC et de la DJS grâce à la création nette de 750 postes dès le budget
supplémentaire, en plus des 250 prévus en application du vœu adopté au Conseil
de Paris de décembre 2012, intégrant les surveillants de cantine ; la mise
en œuvre d’un plan de formation pour les animateurs ; la suppression du plafond de 910 heures imposé aux
vacataires ; le renforcement des fonctions support à raison de deux agents
par circonscription des affaires scolaires et de la petite enfance (CASPE) ;
la structuration d’une filière d’animation avec un corps de catégorie B pour
les directeurs de centres de loisirs ; le recentrage des agents
spécialisés des écoles maternelles (ASEM) sur leur cœur de métier au contact
des enfants grâce à une décharge de leurs tâches de ménage ; et
l’inscription, et l’accès gratuit à la cantine pour les animateurs encadrant
les enfants pendant le déjeuner du mercredi ;
- que les différentes catégories de personnels
disposent d’une offre de formation par le biais notamment de la mobilisation des centres de ressources et
des établissements de la Ville ; qu’ainsi les personnels bénéficiant des
dispositifs de déprécarisation puissent avoir accès à un parcours complet de
prise de poste (session d’accueil avec présentation du projet, sécurité,
environnement professionnel, prise en charge des enfants handicapés, ….) ;
que l’offre de formation au BAFA soit décuplée (690 stagiaires d’ici fin
2013) pour les animateurs ; que les directeurs de centres de loisirs, qui
ont vocation à évoluer en catégorie B, soient mis en capacité de prendre leur
poste dans de bonnes conditions (management d’équipe, connaissance de l’Education
nationale, mise en place d’un projet, négociations avec des partenaires) ;
- que les
caisses des écoles, avec le soutien de la Ville de Paris, s’associent concrètement au mouvement général
de déprécarisation des agents ; qu’une étude précise soit conduite à
l’échelle de la Ville pour étudier si, en termes de ressources humaines, des
dispositifs de mutualisation entre ces établissements publics autonomes
permettraient d’assurer des avancées sociales plus fortes pour leurs personnels
(GIP…) ;
- que la
réforme soit l’occasion de progrès significatifs des conditions de travail des
enseignants avec la réaffirmation de l’intervention sur le temps scolaire
des professeurs de la ville de Paris passant par l’ouverture dès septembre
2013, en complément des 10 postes ouverts au concours en arts plastique et
musique et des 10 postes prévus en sport, de listes complémentaires à hauteur
de 15 postes en art plastique et en musique et de 10 postes en sport ;
- que soit
engagé un renforcement de l’accompagnement des enfants en maternelle passant
par la création d’une centaine de postes d’ASEM dont 37 postes de coordinateurs,
en catégorie C+, dès le budget supplémentaire, ainsi qu’un plan de recrutement d’ASEM sur quatre ans
avec pour objectif la présence d’une ASEM par classe en petite et moyenne
sections se traduisant par la création de 100 postes dans le cadre de chaque budget
primitif en 2014, 2015 et 2016 ;
- que la Ville
de Paris, aux côtés du Rectorat, mette en place des outils permettant aux
enseignants qui le souhaiteraient de bénéficier dans leur classe d’intervenants
en langues, en renforçant la possibilité d’avoir recours à des assistants
de langue à l’école primaire, en recrutant 50 jeunes européens dans le cadre du
service civique volontaire au poste de médiateurs internationaux, et en
développant les dispositifs du type « Erasmus in school » et « L’Europe à
l’école » ;
- que le
dialogue soit poursuivi durant toute la période d’élaboration de la
réforme, avec la fixation d’un agenda social avant la fin du mois de mars ;
la réunion d’un CTP central dédié avant
l’été ; la création d’un comité parisien de mise en œuvre et de suivi
regroupant les élus, services de la Ville, le Rectorat, les enseignants, les
personnels de la Ville, les fédérations de parents d’élèves et les associations
d’éducation populaire ; la déclinaison au niveau des arrondissements d’un
tel comité en en confiant l’animation aux circonscriptions des affaires
scolaires et de la petite enfance (CASPE) ; et la mise en place d’une commission indépendante pour évaluer
annuellement la mise en œuvre de la réforme et le bénéfice apporté aux enfants
parisiens ;
- que les
maires d’arrondissement soient pleinement associés, notamment en leur
qualité de président des caisses des écoles, à la mise en œuvre de la
réforme ;
- que l’Etat
se mobilise pleinement pour accompagner la réforme engagée à Paris en
ouvrant un nombre suffisant de postes de RASED pour que les conditions de prise
en charge des élèves les plus en difficultés soient remises à niveau ;
- que l’Etat soit attentif dans les négociations catégorielles
à la situation des professeurs des écoles, notamment dans une perspective de
rapprochement avec les autres corps enseignants, du point de vue du régime
indemnitaire en particulier ;
- que l’Etat pérennise les fonds mobilisés pour la première année de
mise en œuvre de la réforme afin de permettre aux collectivités de la déployer
dans la durée ;
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