11 janvier 2010

Voile intégral: fier de mon Parti...


J’avoue que j’ai été inquiet. Inquiet que mon parti ne tombe dans le piège tendu de la loi sur la burqa. Inquiet de voir quelques uns de nos responsables s’affranchir de nos cadres collectifs de débats pour faire entendre ici et là leurs petits mots, leurs petits phrases, leurs petits « trucs » à eux dont les militants se foutent comme de toutes les crises d’ego. Et finalement, je retrouve de plus en plus mon Parti dans les positions courageuses qu’il prend.

Pourquoi suis-je opposé à une loi sur le port de la burqa, tout en étant opposé au port de ce voile qui nie la femme dans sa dimension citoyenne?

Car si la loi n’est en rien absolue, rien ne sert de vouloir lui enlever son caractère général en faisant un texte qui s’appliquera à moins de 2000 personnes. Autant privilégier l’application de lois et de leurs principes qui ont guidé la laïcité de notre république depuis le début. Il suffit de se replonger dans les textes, tout y écrit. C’est d’ailleurs ainsi que Jospin a procédé en 1989 en prenant la première circulaire sur le porte du voile : pas de condamnation tant que respect de la collectivité, de l’institution et de la neutralité.

Car cette loi aurait été discriminatoire par la petitesse du champ du jugement. Si aujourd’hui, on s’en prend à la burqa, pourquoi ne pas non plus regarder les autres signes religieux qui pour certains font tout autant référence à des idéologies non progressistes et qui touchent tout autant aux droits des femmes, voire même tout simplement aux droits de l’individu (avortement, égalité des droits, conception du rôle de la femme,…)? Cette affaire sent bon une peur de la pratique musulmane, plus qu’autre chose…

Car cette affaire qui sent bon la peur de la pratique musulmane sent bon aussi la manœuvre politicienne en plein débat sur l’identité nationale, à l’approche des élections régionales. En effet, cela est tellement plus simple, quand finalement les sondages annoncent des résultats plutôt positifs pour la gauche, d’essayer de faire peur, de montrer qu’on en a de grosses, qu’on est contre les minarets et les moutons égorgés avec un face un camp qui considère que sur ce genre de sujets, il faut du temps, de l’explication , de l’expérience, et qui, même si sincère et convaincu, risque de paraître plus timoré.

Je suis en tous cas fier d’appartenir à ce camp, et jamais on ne pourra me faire abandonner cette conviction : celle du temps, de l’éducation, des cadres de la République et du respect de l’individu peu importe ses trajectoires, origine et destination. Je préférai d’ailleurs que nous passions notre temps à renforcer la République là où elle est faible, aussi bien dans les codes que dans les rues.

Position Officielle du Parti Socialiste sur la Burqa

Aucun commentaire: