Quand je célèbre un mariage, je suis toujours pris par un
double sentiment.
Tout d’abord, un trouble car je parle d’autorité parentale
qui appartient aux père et mère… Dès fois, je dis cela à des couples qui n’ont
plus l’âge d’aspirer à avoir des enfants (un peu comme une plaisanterie), des
fois je le dis à des gens qui en ont déjà d’autres unions (j’ai un peu du coup
l’impression de convier les anciens conjoints) et assez souvent je rappelle
cela à des futurs mariés déjà parents (au cas où ils ne l’auraient pas déjà
remarqués…)
Et enfin, un sentiment de satisfaction qu’il y ait encore des
gens qui ont assez confiance en la République pour venir proclamer en la maison
commune le fait de créer un foyer, de le baigner de solidarité, de dire à qui
veut l’entendre « c’est l’un avec l’autre et ce que vous lui ferez, vous
me le ferez à moi également».
Mon expérience d’élu, officier de l’état civil, fait que j’ai
déconnecté l’enjeu du mariage de la procréation (ou de sa possibilité de) pour
lui préférer uniquement celui de la solidarité et de la réciprocité. Je parle
bien sûr du mariage civil. Je respecte infiniment celles et ceux qui croient
mais ce n’est pas mon cas. Et peu importe nos croyances, chacun peut créer des
solidarités, chacun a intérêt à les faire reconnaître et protéger, chacun peut
s’obliger envers l’autre. C’est choisir ses liens, des nouveaux liens, des
liens uniques en dehors de la famille déjà existante. C’est cela le mariage
laïc, le mariage civil : la création de solidarité, sans demander la
nature et la couleur du ciel de chacun. Et seule la République peut permettre
cela.
C’est cette solidarité ne demandant qu’à être reconnue qui
permet de créer de la stabilité, de la sécurité, de la longévité, dans un foyer
(et l’amour un peu quand même). Ce n’est pas qu’avec un post, un paragraphe qu’on
pourra mettre fin à une polémique difficile sur l’homoparentalité. J’avoue ne
pas avoir de réponses toutes faites sur les soit disant référents
paternels/maternels, masculins/féminins, hommes/femmes pour contrer les
opposants à l’homoparentalité. Je pense juste qu’un enfant est heureux quand
les situations parentales autour de lui sont claires et apaisées. Un enfant n’est
pas heureux entre des cris, des jalousies, des frustrations. Alors quand un
couple s’aime, que cette solidarité est protégée, que chacun est dans le
partage, que ce soit deux hommes, deux femmes, qu’il y ait un tiers, fruit du
passé d’un-e des deux, avec une place bien définie, que les relations et les
liens sont clairs, je crois qu’un enfant pourra y trouver tout le bonheur et l’amour
qui lui faut pour évoluer dans le monde extérieur et en tirer le pire et le
meilleur, comme tout un chacun.
Ne cherchons pas à vouloir faire du mariage républicain un
pendant civil du mariage religieux. Il est appelé à devenir beaucoup plus en
magnifiant la solidarité entre individus, peu importe leur sexe. Ne cédons pas
non plus aux schémas tout faits prouvant le bonheur ultime et l’équilibre
absolu de l’enfant à travers des concepts éthérés (un papa, une maman et c’est
tout). La seule chose qui vaille pour un enfant est une stabilité, un amour et
une clarté familiale (qu’elle soit hétéro, mono, pluri ou homo) sur laquelle il
pourra se construire sereinement.
C’est pour cela que je défends le mariage et l’adoption pour
tous les couples. Parce que j’ai confiance en la République des solidarités et
que je crois que sur ce concept, on peut faire de grandes choses, et en
particulier le bonheur des enfants.
1 commentaire:
Bravo Gauthier ! Voici un magnifique résumé d'une vision citoyenne et démocratique qui va au-delà de certaines valeurs ancestrales et pseudo-psycholosociologiques.
Un enfant a en effet besoin de stabilité et d'amour que ses parents soient hétéro / homo / bi. N'importe quel pédopsychiatre cherchera avant tout le bien-être de l'enfant quelle que soit la forme parentale de ce bien-être.
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