08 avril 2010
Le grand Paris ou le déni de démocratie
Le gouvernement veut passer en force. Ce n’est pas nouveau, mais c’est encore plus flagrant avec le projet du Grand Paris mené par Monsieur Christian Blanc. C'est la raison de ma présence hier soir au Conseil Régional d'Ile de France auprès de Jean-Paul Huchon, des présidents des groupes de la majorité, des présidents des Conseils Généraux franciliens de gauche et des parlementaires socialistes et écologistes membres de la commission spéciale d'étude du projet du Grand Paris. Un moment solennel censé marqué la colère des élu-e-s locaux que nous sommes.
Petit rappel des faits. En juin 2009, le Conseil Régional d’Ile de France a adopté, après une large concertation avec les élu-e-s concerné-e-s, un Plan de Mobilisation pour les Transports afin de répondre aux principales urgences en termes de transport en Ile de France. Ce plan comprend un certain nombre de points visant à faciliter la mobilité des franciliens dont notamment le grand projet de rocade métro Arc-Express. L’idée : un métro périphérique en proche couronne relié aux lignes de transports collectifs existantes. Cette nouvelle ligne de métro en proche banlieue évitera de passer par Paris pour effectuer des trajets banlieue à banlieue, tout en mettant en valeur des zones aujourd’hui mal desservies.
Le projet du STIF
Pourtant, faisant fi du partage des compétences lié à la décentralisation, passant outre les principes élémentaires de la démocratie locale, le gouvernement, par la création d’un Secrétariat d’Etat à la Région Capitale dirigé par Monsieur Christian Blanc, a décidé de concurrencer ce projet porteur. Il s’agit du Grand Paris, un projet pharaonique qui couterait 21,4 milliards d’euros- contre 9,6 pour l’Arc-Express, pour une mise en service en 2025- en 2017 pour l’Arc-Express, et pour seulement 6 000 voyageurs par heure- contre 15 000 pour l’Arc-Express. En d’autres termes, le gouvernement propose un projet plus coûteux et moins efficace.
Mais il y a pire, en plus de coûter extrêmement cher, le Grand Paris véhicule une vision dépassée qui promeut une conception élitiste du développement de notre région en choisissant de relier uniquement des pôles spécialisés dits « d’excellence ». Alors qu’au contraire, il faut aller vers une réduction des inégalités en misant sur la diffusion de l’activité économique sur l’ensemble de notre territoire bénéficiant du même coup à tous les franciliens, et non à une petite minorité privilégiée.
Pour imposer son projet coûteux et élitiste, le gouvernement ne recule visiblement devant rien et tente le passage en force au risque de mettre à mal les rapports entre Etat et collectivités territoriales en Ile-de-France qui s’étaient toutes largement prononcées en faveur du projet Arc-Express. Illustration récente : jeudi 25 mars dernier, les sénateurs UMP votent un amendement supprimant le débat public sur le projet Arc Express. Or, sans débat public préalable, et à fortiori sans concertation, ce projet n’a aucune chance de voir le jour. En supprimant de manière autoritaire le débat sur le projet Arc Express, le gouvernement frise le déni de démocratie dans un contexte post-élections régionales au cours desquelles la question des transports a été omniprésente, et en particulier celle du Grand Paris. Les franciliens se sont prononcés, et même largement, en faveur du projet porté par Jean Paul Huchon, et par voie de conséquence contre celui du gouvernement.
Le projet du gouvernement
La gauche a gagné, mais le gouvernement ne semble pas s’y résoudre puisque par ce passage en force, il déroge à l’article 1 de la constitution qui signifie clairement que l’organisation de la République est décentralisée. Par ailleurs, l’article 72 est clair : « les collectivités s'administrent librement par des conseils élus et disposent d'un pouvoir réglementaire pour l'exercice de leurs compétences ». Or, les transports font partie de leurs compétences…
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