26 avril 2010
L'avènement du sophisme en politique
Depuis quelques jours, notre univers politico-médiatique est envahi par deux dossiers qui se réunissent par un élément pivot. Je veux dire par cela le dossier de la Burqua et celui de la suppression proposée des allocations familiales pour les foyers dont les enfants ont un taux d’absentéisme à l’école trop important.
La Burqua… Il y a de très bons sites internet qui en parlent, qui rappellent que cela ne fait pas partie d’une tradition religieuse, que ce phénomène ne concerne que quelques femmes au plus en France… Pas besoin de rappeler cela. Pas besoin non plus de faire mention de la sage position du Parti Socialiste sur cette question, qui allie nos valeurs féministes, notre conception de la liberté et une lucidité politique de rigueur sur ce projet.
Juste, il est peut-être intéressant de voir ici que l’argument de la libération de la femme est la loi. Qu’interdire le port du foulard intégral générera automatiquement l’émancipation de ce que l’obscurantisme a voulu voiler. Comment ? Ben tout simplement en le rendant illégal, pardi. Partout. Enfin du moins partout où la loi peut aller. Donc finalement en cantonnant le voile partout où la loi ne peut s’immiscer, à savoir dans la vie privée, derrière les portes des logements. Et c’est ainsi, à grands coups de culpabilisation de ceux qui sont contre cette loi, qu’on fait croire que l’on mène un combat féministe.
Remarque obscène d’un invité sur France Inter il y a quelques jours : « que celles et ceux qui disent que les femmes voilées seront emprisonnées chez elles se rendent compte qu’elles le sont déjà sous leur voile ». Bien sûr, mon gars, finalement, tuons les aussi de toute façon, puisque sans liberté la vie ne vaut pas la peine d’être vécue.
Tout est bon pour justifier !
Et un autre dossier, celui de la suppression des allocations familiales. Alors bien sûr ce dispositif n’est pas forcément mauvais, s’il s’inscrit dans le cadre d’un travail social mené par une association. Oh miracle ! J’ai employé deux mots « travail social » et « association ». Travail social ? C’est bizarre mais jamais je n’ai entendu prononcer ce mot récemment quand on parlait de ce sujet. Suis-je bête ! C’est le ministre de l’intérieur et non celui des affaires sociales qui se saisit de ce dossier ! C’est évident que monter des projets avec des travailleurs sociaux dont le but serait de (re)socialiser les familles, de leur apprendre la gestion d’un ménage, de reconstruire des liens familles/enfant,… tout cela ne sert strictement à rien. Mais alors à rien du tout. C’est d’ailleurs pour cela qu’on n’utilise pas plus le mot « association ». En l’espèce, cela va devenir une espèce en voie de disparition car chacune voit son budget versé par l’état diminuer année après année. Il faut voir le nombre de courriers que je reçois en tant que Conseiller de Paris, m’alertant de la situation des centres sociaux, des associations qui n’ont plus les moyens d’assumer leurs actions collectives vis-à-vis des familles et des foyers les plus précaires et les plus exclus. Mais cela n’est pas grave car de toute façon, ces alloc’ familiales, hein, madame michu, elle servent à payer le nouveau matériel hifi et les barrettes de shit des cissoko et des mamadou…
Et là d’un coup, on ouvre un journal, et comme un zorro tombant à pic, on tombe sur le cas qui permet de parler des deux à la fois et de convaincre et de « vous voyez bien on vous l’avez bien dit ». La fameuse arnaque aux allocs familiales dont serait peut-être l’auteur un gentlemen de ses 3 dames toutes voilées de pied en cape ! C’est incroyable qu’on y est pas pensé avant à faire un coup comme ça ! Comme dirait une de mes amies, c’est du sublimino frontale.
Moi, je propose même qu’on cherche un autre profil. Le même mais qui en plus serait trader, si possible à la société générale. Qui polluerait un max. Si une des compagnes pouvait être sans papier, ce serait pas mal non plus.
Bref, on le sait, on le sent, on connaît Eric Besson, on connaît les stratégies de la droite, mais tout de même, le « moment » ne sent pas bon.
Le point commun, c’est l’étranger. Mais ce qui est terrifiant, c’est que ce gouvernement, cette droite, ne parle plus de l’Etranger avec un grand E. Mais de l’étranger avec un petit é. Celui du coin de la rue. Celui qu’on croise tous les jours. Détricottant toute une société de tolérance et de respect que patiemment les années et les siècles ont construit. Jetant l’opprobre sur lui.
Et ne pensons pas échappé à cela, car nous serions de gauche, car nous serions des humanistes, car on n’est pas comme ça, nous, car nous…
Le sophisme est de retour. La logique est bonne. Mais l’argument est fallacieux. Et ce travail de dénonciation de l’argument fallacieux est le plus dur à mener. Car il est le plus dur à repérer.
Enfin, je crois…
"Si l'on mettait toute cette racaille en prison, avait dit la marchande, les honnêtes gens pourraient respirer" Albert Camus, La Peste.
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