Monsieur le Maire, mes chères collègues,
A Paris, les personnes âgées de plus de
60 ans représentent environ 1/5 de la
population parisienne. Proportionnellement moins nombreux dans notre capitale que
dans l’ensemble de la France métropolitaine, où ils représentent plus de 22%, la
situation financière des seniors reste toutefois plus préoccupante à Paris
qu’ailleurs. Il existe, en effet, de
fortes disparités de revenus, Paris comptant à la fois des seniors
bénéficiant de revenus importants mais aussi des personnes âgées pauvres : 13 %
des ménages de plus de 60 ans vivent sous le seuil de pauvreté à Paris, contre
11 % en Ile-de-France et 10 % en France métropolitaine. A cela s’ajoute le prix d’un foncier
particulièrement élevé dans notre ville faisant qu’une personne âgée sur cinq
est locataire du parc social et 12,5 % des personnes inscrites au fichier des
demandeurs de logements sociaux ont plus de 60 ans. Si les bailleurs sociaux ont su, depuis
quelques années, mieux prendre en compte la perte d’autonomie dans le parc
social il n’en va pas de même dans le parc privé où un tiers des parisiens âgés
vivent dans des logements inaccessibles. Or, on le sait, la question du
logement et de son adaptation est déterminante dans le vieillissement. Le
logement ne doit pas constituer un handicap de plus pour les personnes en perte
d’autonomie liée à l’âge.
C’est pourquoi, notre municipalité a souhaité, dès
2001, intensifier et diversifier son offre d’hébergement pour les personnes
âgées, autonomes ou dépendantes, afin d’offrir des solutions
adaptées aux besoins quotidiens de nos aînés.
Le
CASVP gère un parc de 124 résidences pour personnes âgées ce qui représentent
5729 logements. Ces logements sont tous accessibles, abordables, dans un
environnement sécurisant, affiliés à des services de soins infirmiers à
domicile, bien souvent avec des services collectifs comme un restaurant et
surtout en prise avec la réalité sociale de leur quartier. Ils sont de
véritables retardateurs de la perte d’autonomie car on sait que 80% des chutes
sont faites dans des logements inadaptés, que l’inaccessibilité confine à
l’isolement, que la cherté des loyers entraîne l’abandon des soins,… et que
tout cela précipite dans la dépendance. Ce parc est donc à chérir et c’est ce
que nous faisons, j’en prends pour exemple le chantier de la résidence rue du
Faubourg du Temple qui a mobilisé grandement les fonds du CASVP.
Cela
passe aussi par le financement de 2 200
places nouvelles en EHPAD portant à 7 000 places le total. Citons pour
l’exemple le très bel EHPAD du 13e Annie Girardot, récemment livré. Il faut
aussi compter dans cet effort les travaux de restructuration que nous menons
dans nos EHPAD pour améliorer en terme de bienveillance architecturale
l’accueil des personnes âgées et des personnels. J’ai en mémoire les chantiers
d’Anselme Payen dans le 15e ou encore celui d’Harmonie, à Boissy
Saint Léger.
Cependant, malgré nos efforts, l’offre
parisienne en structure d’hébergement reste encore inférieure à la demande qui
se fait de plus en plus grande. La construction de nouveaux équipements se
heurte, effectivement, à la réalité parisienne qui est marquée par la rareté du
foncier parisien et son coût élevé. De ce fait, ce qui est rare étant prisé,
nous devons à celles et ceux qui les sollicitent une parfaite garantie de
l’égalité et de la justice du traitement de leur demande.
Afin de garantir la transparence et l’objectivité des
procédures d’attribution de ces places d’hébergement, une instance pluraliste et collégiale a été
créée pour les résidences et un état des lieux de l’usage de nos places en
EHPAD est porté à la connaissance des élus parisiens
.
A l’instar de ce qui a été réalisé en 2001 pour les
logements sociaux relevant du contingent du Maire de Paris, le Conseil de Paris
a voté en février 2010 la création d’une Commission pour l’Entrée en Résidence
(CER). Chargée d’émettre un avis sur les candidatures
sélectionnées pour l’admission en résidences appartements ou résidences
services du CASVP, la
Commission propose un ordre de priorité au directeur général du CASVP, seul
habilité réglementairement à prononcer les admissions. En se basant sur des critères qui sont essentiellement liés à
l’urgence sociale de la demande (inadaptation du logement, perte du logement,
décohabitation voulue ou subie, taux d’effort dans le logement actuel trop
important, souhait de rester dans son arrondissement), la Commission participe
d’une plus grande équité de traitement dans l’accès à l’hébergement à Paris.
5 141 candidats ont sollicités des places en résidence et 517 se sont vu
admis en résidence. Leur profil ? plus de 60% avec des ressources
inférieures à 1000 euros mensuels, dont 20% inférieur à 750 euros. Près de 75%
d’entre eux sont donc pris en charge par l’aide sociale légale.
En ce qui concerne les EHPAD,
l’attribution ne peut pas être guidée que par des critères sociaux, mais
également médicaux. En effet, on le sait, la charge en dépendance de ces
établissements est de plus en plus élevée, donc il faut prendre en compte
l’avis des équipes médicales et para médicales sur l’aptitude de l’établissement
à prendre en charge la personne. Ceci dit, 478 admissions ont été prononcées en
2012, pour des demandeurs âgés en moyenne de 85 ans avec un délai d’admission
de 23 jours. Je tiens également à souligner deux solidarités à l’œuvre à
travers les EHPAD. Tout d’abord, une solidarité sociale puisque 60% des admis
bénéficient d’une prise en charge à l’aide sociale légale, et c’est bien là le
rôle d’une collectivité locale de fournir ce service quand on connaît le prix
de la dépendance (et il faudrait que toutes s’en souviennent). Et une
solidarité régionale enfin puisqu’un quart des admis sont franciliens dans nos
EHPAD franciliens : quand nous investissons hors les murs, nous ne le
faisons pas que pour nous-mêmes mais pour un développement harmonieux et partagé
de la métropole.
Monsieur le Maire, mes cher-e-s collègues,
se faire l’écho de la transparence dans notre politique d’accueil et
d’hébergement des seniors âgées dans la capitale est l’occasion de montrer que
le budget du CASVP est bien utilisé pour les parisiens qui en ont le plus
besoin. Mais c’est aussi montrer que nous faisons de cette politique l’enjeu
d’une avancée en âge la moins stigmatisante possible. C’est l’occasion de
rappeler dans son logement, on peut vieillir moins vite, mais cela dépend des
murs.
1 commentaire:
Bien qu’il reste beaucoup à faire, je félicite déjà toutes les personnes qui ont participé et qui participent actuellement à la réalisation de ce projet. C’est une bonne idée d’avoir mise en place une instance pluraliste et collégiale pour la sélection des seniors à admettre en Construction Ehpad et en résidence seniors.
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