Fermera, fermera pas… Obsolète ou indispensable… Urgences ou
ambulatoire… On entend beaucoup de choses au sujet de l’Hôtel-Dieu, cet hôpital
de l’AP-HP, au centre de Paris et sans doute au centre de la campagne des
élections municipales. A chaque fois qu’il y a polémique, il faut chercher à
comprendre en partant des faits. C’est pourquoi le Conseil de Paris a mis en
place un groupe de travail présidé par Jean-Marie Le Guen, adjoint au maire de
Paris chargé de la Santé. J’ai le plaisir d’y représenter le groupe socialiste aux
côtés de Christophe Girard, maire du 4e, et Sylvie Wievorka,
conseillère de Paris 2e.
La première réunion s’est tenue cette semaine en présence de
Mireille Faugères, directrice de l’AP-HP, et du Professeur Capron, président de
la Commission Médicale d’Etablissement (CME), de l’Hôtel-Dieu. Lors de ces
auditions, nous avons pu apprendre un certain nombre de choses par rapport à la
réalité architecturale de l’Hôtel Dieu.
Construit entre 1865 et 1877, il a été continuellement
modifié jusqu’en 1975, année où des planchers supplémentaires ont été créés
dans les ailes d’hospitalisation. Néanmoins, architecturalement, il reste très
proche de sa conception de 1877. Il en ressort un inquiétant constat.
Les hauteurs entre dalles des services d’hospitalisation (qui
résultent des planchers supplémentaires) sont insuffisantes pour pouvoir faire
passer aisément toute l’ingénierie nécessaire à un service de soins, comme la
ventilation ou la climatisation. L’escalier monumental desservant toutes les
circulations verticales rend impossible de dédoubler les appareils élévateurs,
ce qui implique qu’en cas de panne, une aile peut se retrouver sans possibilité
de desserte couchée. Parallèlement, l’absence d’équipement d’alarme unique, les
façades non accessibles aux engins de secours et la présence de nombreux culs
de sac ont fait rendre par la Préfecture de Police dès 2007 un avis défavorable
à la continuité de l’exploitation de cet établissement, avis qui n’a toujours
pas été levé malgré les quelques travaux. Cela en dit long sur la sécurité des
malades qui y sont accueillis…
Quelques travaux, justement car il semble que ce bâtiment ne
présente pas tant de possibilités que cela. Il faudrait relier 2 ou 3 ailes d’hospitalisation
entre elles pour agrandir la capacité des unités de soin ou pour mutualiser des
locaux, ce qui n’est pas budgétairement concevable. Il n’est pas non plus
possible de créer des unités de soin supérieures à 10 lits en respectant les
normes et recommandations en matière de conception hospitalière car il faudrait
élargir les ailes pour cela ! De même, mettre cet établissement en
conformité incendie (gaine de désenfumage, escalier de secours,…) impacterait
grandement une surface déjà faible…
C’est ce qui a motivé par deux fois en novembre 2012 et en
septembre 2013 la CME, avec plus de 80% des voix, a voté pour une évolution des
urgences de l’Hôtel Dieu vers un centre de consultation H24. La CME se prononce
sur la qualité et la sécurité des soins. Ceci dit, cette commission n’a rien
voté quant au projet pour le futur hôpital, il reste donc à construire.
Aujourd’hui, les conditions architecturales de l’Hôtel Dieu
semblent empêcher la présence d’un service de réanimation, de chirurgie
orthopédique, de plateaux techniques de pointes, de médecine interne… Tout cela
a entraîné peu à peu et depuis 2006 au départ des principaux services de l’Hôtel
Dieu : odontologie, nutrition, chirurgie digestive, hématologie,
hépato-gastro-entérologie, chirurgie ambulatoire, endoscopie digestive,
chirurgie thoracique, pneumologie, réanimation, soins intensifs,… vers les
autres hôpitaux de l’AP-HP que sont Broca, Bretonneau, Pitié Salpétrière,
Cochin, Saint Antoine,… C’est d’ailleurs pour cela que seul des postes d’internes
en médecine générale y sont créés.
L’Hôtel Dieu est donc un établissement où la médecine
ambulatoire a toute sa place (d’autant que de nombreux travaux ont été faits
pour lui permettre d’être rendue dans les meilleures conditions) mais qui
aujourd’hui n’accueille déjà plus les urgences nécessitant une intervention
lourde, et donc une hospitalisation. Autrement dit, vous vous ouvrez la main,
vous serez soigné à l’Hôtel Dieu ; vous faites une appendicite, vous serez
emmené, et ce depuis 2010, à Cochin.
Cette première réunion de remise à niveau a été vraiment
passionnante car elle a permis de mieux comprendre une réalité complexe de cet
énorme bâtiment qui appartient à l’histoire de Paris. Il faut maintenant mieux
comprendre l’impact de cette évolution sur le reste du service hospitalier parisien
et des urgences pour mieux envisager ce que nous devons faire de l’Hôtel Dieu,
alors que la société change face aux soins et ou le service de médecine
libérale est en crise (au regard du renouvellement de la médecine de ville et
de son accessibilité). Ce sera l’objectif des prochaines réunions.
PS : je ne peux que regretter l’attitude de mes deux
collègues Jean-François Legaret et Vincent Roger, du Groupe UMP qui ont quitté
la séance au tout début, refusant ainsi d’y voir plus clair à un problème épineux
pour Paris. J’entends que la gestion de la fermeture des urgences a été plus
que polémique mais quand on cherche à donner les moyens de comprendre les
données d’un problème, on ne part pas ainsi. Cela dit beaucoup sur leur sens
des responsabilités et inquiète sur leur volonté de gouverner la capitale.
PS2: puisqu'il faut le préciser, je le précise: ce post a été écrit après l'audition de Mme Faugères et du Professeur Capron et il s'appuie sur leurs propos sans juger ou non de leur véracité. Ces réunions se tiennent dans le cadre d'un groupe de travail avec plusieurs auditions. Cette réunion n'en était que la première. Si les propos de ces deux premiers intervenants sont à faire mentir, qu'ils le soient.
PS2: puisqu'il faut le préciser, je le précise: ce post a été écrit après l'audition de Mme Faugères et du Professeur Capron et il s'appuie sur leurs propos sans juger ou non de leur véracité. Ces réunions se tiennent dans le cadre d'un groupe de travail avec plusieurs auditions. Cette réunion n'en était que la première. Si les propos de ces deux premiers intervenants sont à faire mentir, qu'ils le soient.
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