Monsieur le Maire, mes cher-e-s collègues,
Comme l’a souligné Jean-Pierre Caffet, la politique métropolitaine de Paris a pour objectif de tisser des coopérations avec les communes participant et bénéficiant de la proximité de la capitale. L’objectif de cette stratégie se comprend par la nécessité de mettre fin au couperet géographique que constituent les frontières parisiennes et qui se traduit bien souvent par une inégalité entre citoyens vivant à quelques encablures l’un de l’autre. Ces citoyens font vivre Paris sous toutes ses formes mais ne peuvent finalement bénéficier de la politique que nous définissons ici-même, les renvoyant au bon vouloir ou aux possibilités de leurs communes de rattachement.
J’aimerai à ce titre souligner deux aspects de notre politique qui répondent à de vrais problématiques sociales et qui touchent de facto à notre gouvernance métropolitaine : notre action vis-à-vis des seniors et de la grande exclusion urbaine.
Comme nous l’avons montré avec la Mission d’Information et d’Evaluation sur la prise en charge des seniors en perte d’autonomie, les besoins en accueil de jour et en hébergement sont très importants. Afin de répondre aux problématiques du grand âge et de l’augmentation du nombre de personnes atteints par la maladie d’Alzheimer, Paris s’est lancé dans une politique de restructuration de ses établissements hébergeant des personnes âgées dépendantes gérés par le CASVP et a ouvert un chantier de création de 300 places en accueil de jour.
Or, 4 de ces EHPAD sont installés en Ile de France et accueillent des seniors franciliens, permettant ainsi à eux-mêmes et à leurs proches de trouver des réponses efficaces et humaines aux questions qui se posent à ces familles dont bon nombre travaillent à Paris. Cette mixité d’accueil est à faire perdurer puisqu’elle fonctionne très bien, qu’un début de dialogue social se constitue avec les communes concernées et que cela assure au gestionnaire public un taux de remplissage optimal. Dans le même esprit, il serait incompréhensible que nos accueils de jours, en particulier ceux situés au niveau des portes de Paris, soient fermés aux seniors au-delà du périphérique.
Cette question de l’accueil des seniors dépendants se confronte inexorablement à la question du foncier à Paris et à la question de la capacité financière des communes limitrophes. Nous voyons bien l’impact positif d’une telle collaboration qu’il nous faudra pousser plus loin afin d’aboutir à une meilleure formalisation mais surtout à une meilleure coordination. En effet, si dans cet esprit les conditions d’accueil sont mutualisées, le financement ne l’est pas puisque chaque conseil général définit lui-même ses aides extra-légales. De ce fait, les coûts d’hébergement pour les familles ne sont pas les mêmes dans le même établissement en fonction de leur origine au sein de la même région. Paris Métropôle doit donc poursuivre cette coopération qui change déjà la vie de nombreux franciliens.
De même, la question de la grande exclusion urbaine à travers la métropolisation des SAMUs sociaux est un sujet qu’il nous faudra traiter dans ce cadre.
C’est avec intention que j’ai dit métropolisation des SAMUs sociaux car il ne s’agit pas de créer un SAMU social unique à l’échelle de la région. Il faut faire travailler ensemble les acteurs déjà existants sur des bases communes et des objectifs partagés. Je veux parler de toutes ces associations qui réalisent maraudes, accueil et hébergement et dont nous devons saluer l’engagement en cette période particulièrement dure.
Cependant, de nombreux sans abri ont été récemment envoyés pour être hébergés en banlieue sans coordination. Cette situation de tension qui amène souvent à un traitement parfois brusque est le fruit d’une augmentation du nombre de sans abri en Ile de France et de l’importante attractivité du territoire parisien avec plus de 60% des places régionales.
Nous n’avons de cesse de réclamer auprès de l’interlocuteur qui a en charge cette question, à savoir l’Etat, de prendre toutes les mesures nécessaires pour garantir le financement et une meilleure répartition des places en région, la population SDF étant naturellement mobiles et allant là où l’offre est la mieux fournie et la mieux organisée.
En attendant un changement d’orientation, et afin de gérer au mieux, au niveau parisien, cette situation, nous avons soutenu la constitution au sein du Samu Social d’un Pôle d’Hébergement et de Réservation Hôtelière. Cela a permis de mieux coordonner l’hébergement d’urgence et de maîtriser son coût et sa qualité en instituant un opérateur unique.
Ce dispositif est à régionaliser. Ce changement de niveau d’action nous permettrait d’objectiver notre diagnostic sur la localisation des structures et sur les nécessaires efforts de solidarité pour mieux les répartir sur le territoire. Tel est l’enjeu de la feuille de route du nouveau président du Samu Social, Eric Molinié, feuille de route validée par l’Etat.
Monsieur le Maire, mes cher-e-s collègues, la question sociale est par essence métropolitaine car les mobilités des publics et les problématiques humaines ne connaissent pas de frontières administratives. Cela a commencé par des opportunités de coopération comme pour les seniors et se continue par des obligations de responsabilité comme pour l’exclusion urbaine. C’est tout l’enjeu pour Paris : savoir trouver les cadres de travail efficaces pour permettre un développement social harmonieux de sa population.
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