19 octobre 2010
Flash Infos Compte Rendu de Mandat - Conseil de Paris des 18 et 19 octobre - Financement de la Ville au Samu Social
Monsieur le Président,
Mes cher-e-s Collègues,
Comme tous les ans, nous allons voter la contribution de Paris au budget du Samu Social.
C’est près de 2,94 millions d’euros qui vont être versés pour mener à bien la gestion d’un Espace Solidarité Insertion, la mission tuberculose, l’hébergement hôtelier utilisé dans le cas d’évacuation et surtout des actions de maraudage. Que ses acteurs soient d’ailleurs ici félicités.
Ces missions sont de plus en plus d’actualités et la Ville de Paris depuis 2001 a fait le choix assumé de renforcer sa participation en augmentant son budget de près de 75% alors que cette mission relève de l’Etat.
Cette délibération est également l’occasion de rappeler que la convention constitutive du GIP Samu Social va prendre fin en 2011 et que si nous sommes décidés à rester doté d’un tel outil, nous entendons bien faire entendre notre voix pour le parfaire afin que son action soit encore plus pertinente.
En effet, le Samu Social est un fabuleux outil qui quand il est sollicité par les pouvoirs publics fait preuve d’une grande force de réaction. Son savoir faire s’est grandement développé depuis maintenant 15 ans, pas uniquement dans le secteur de la prise en charge social mais aussi sanitaire et social. De plus, il a une capacité très importante à mobiliser autour de lui mécènes et bénévoles, ce qui est très important, en particulier à l’approche des grands froids.
Cependant, les bases de cette réussite font face à une évolution très importante du public à la rue avec une hétérogénéité croissante. Si nous voulons que le Samu Social améliore sa réactivité face à cela, il faudra qu’il soit doté d’une part d’outils d’observations plus importants et d’autre part que ces modes de prises en charge soient repensés.
Je pense par exemple au 115 qui reste, malgré les améliorations, très difficiles à joindre pour les primo-arrivants à la rue ou encore aux maraudes véhiculées du Samu Social qui rencontrent de plus en plus de monde mais qui paradoxalement réussissent de moins en moins à les accompagner dans les centres d’hébergement. S’il faut bien sûr travailler sur les projets sociaux de ces centres, il faut aussi sans doute nous interroger sur l’efficacité de cette modalité de prise en charge et sur la façon de l’améliorer afin que la participation financière et matérielle que nous versons soit la plus efficace possible.
Un autre aspect d’évolution indispensable de l’organisation du Samu Social est sa territorialisation et sa coordination avec les autres acteurs sociaux.
Il y a un 115 par département sans réelle mutualisation des moyens et des pratiques alors que les populations à la rue ne connaissent pas ces frontières institutionnelles. De plus, si nous reconnaissons une nécessaire régionalisation de la prise en charge de la grande exclusion, force est de constater que le Samu Social de Paris se trouve confronté à une situation inégalitaire avec 60% des places d’hébergement concentrées dans notre seul département, sans forcément observer un regain de solidarité parmi certains autres départements.
Aujourd’hui, plusieurs chantiers ont été ouverts par l’Etat : le Système Intégré d’Accueil et d’Orientation, qui devra géré les places d’hébergement disponibles, le Plan Régional d’Accueil, d’Hébergement et d’Insertion, qui a pour ambition de coordonner la lutte contre l’exclusion au niveau régional, le Plan d’Action Renforcé en direction des personnes Sans Abri, qui a pour objectif de restructurer les hébergements existants et de proposer une offre nouvelle,…
Dans ces dispositifs, le Samu Social aura vocation à jouer une place de gestion prépondérante. Mais dans ces multiples plans d’action, Paris devra veiller à ce que l’Etat se donne véritablement les moyens de combler ces manques et à ce que chaque département assume sa part de solidarité nécessaire, je pense en particulier aux Yvelines ou aux Hauts de Seine.
Ainsi, le Samu Social pourra se recentrer sur sa mission d’origine en respectant les notions d’accueil inconditionnel et de continuité de prise en charge afin de permettre à toute personne à la rue, quelque soit sa problématique ou son origine, de trouver un hébergement en urgence puis en stabilisation. Cela impliquera sans doute de revoir le projet de certains établissements gérés par le Samu Social ainsi que ses relations avec les autres acteurs de la lutte contre la grande exclusion afin de remplir ces objectifs.
Monsieur le Président, mes cher-e-s collègues, le Samu Social va fêter ses 15 années. Ce sont tant d’années de savoir faire et de compétences agglomérées. Notre collectivité l’a toujours accompagné et soutenu financièrement. Mais comme toute structure, elle doit se repenser afin de toujours remplir ses objectifs. En 2011, cette occasion nous sera offerte. Sachons la saisir tant l’enjeu humain est grand.
Réponse d'Olga Trostiansky - Adjointe au Maire de Paris chargée de la Solidarité et de la Famille
Monsieur CARON-THIBAULT, je vous remercie d’appeler l’attention de notre assemblée sur l’engagement de la collectivité Parisienne au sein du Samu social de Paris et plus globalement son fort investissement dans la lutte contre l’exclusion.
Notre priorité est l’accompagnement social et notre objectif, une sortie durable de la rue. Et bien que la prise en charge des personnes sans abri soit une responsabilité de l’Etat, 286 M d’€ ont été mobilisés en 2009 avec notamment : le financement des maraudes et des 15 accueils de jour, les 3 permanences sociales d’accueil, les 9 centres d’hébergement, la création de 2000 places d’hébergements d’ici 2014 ou encore les 1300 familles hébergées à l’hôtel au titre de l’aide sociale à l’enfance.
Comme vous l’avez évoqué, le samu social de Paris est à un tournant de son histoire. Fort de notre expérience parisienne et de notre investissement, nous défendrons fermement auprès de l’Etat plusieurs orientations que je souhaite partager au sein de cette assemblée.
S’agissant des publics pris en charge par le samu social, il n’existe pas une catégorie supposée homogène d'exclus, mais une diversité de public aux origines, aux parcours et aux difficultés différentes : de plus en plus de familles et de travailleurs pauvres, des jeunes, des personnes avec chiens ou affaires personnelles, des migrants isolés, des roms. Pour bien répondre à cette diversité, le 115 doit être toujours joignable, offrir une solution adaptée et se recentrer en direction des primo-arrivants à la rue.
Dans le cadre de la régionalisation de la veille sociale souhaitée par l’Etat, une véritable coordination des 115 départementaux franciliens devra être mise en place. En effet, l’Etat évalue le manque de places d’hébergement en Ile-de-France à 14 000 et cette coordination permettrait donc d’avoir une visibilité et d’utiliser toutes les places disponibles en Région.
Nous souhaitons aussi que le PHRH, en partenariat avec tous les départements d’Ile-de-France, puisse prendre en charge l’hébergement des personnes à l’hôtel suivies par le département de Paris. Cette mutualisation, en plus d’un gain financier avec des nuitées moins chères, permettrait à nos travailleurs sociaux de se consacrer uniquement à l’aide à l’insertion et à l’accompagnement des familles sans logement. Nous avons déjà commencé ce travail avec une expérimentation dans le 18ème arrondissement qui sera menée l’an prochain.
Enfin, comme je l’ai dit, l’Etat évalue le manque de places d’hébergements disponibles à 14 000. Pour offrir une solution adaptée à tous, nous demandons donc à l’Etat de renforcer la production d’hébergements et de logements accessibles aux plus démunis en Ile-de-France, respectant les normes de qualité et de dignité comme le principe de non remise à la rue et la loi DALO.
Je vous remercie.
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