11 février 2010

Rapport accablant de la fondation Abbé Pierre sur le logement


Le 1er février a été rendu public le 15e rapport annuel de la Fondation Abbé Pierre sur le mal-logement. Si vous en avez la possibilité, je vous invite à le lire car il est passionnant.

Le constat est clair : le bilan est accablant et la situation s’aggrave. Le rapport, qui met largement en cause les pouvoirs publics et les tient pour responsables de la situation actuelle, permet surtout de comprendre à quel point le problème du mal-logement ne se limite pas à la seule question du logement mais a des répercutions sur d’autres problématiques sociales. Et c’est justement parce que le logement recouvre plusieurs dimensions et est à l’origine de nombreuses inégalités qu’il est important d’en faire une priorité.

Quelques chiffres d’abord. En 12 ans, l’augmentation des loyers a atteint 98%. D’autre part, le coût du logement pour les 20% de ménages les plus pauvres correspond en moyenne à 48% de leurs revenus. Ces chiffres sont tout à fait révélateurs : le logement est un facteur d’appauvrissement des ménages avec un coût qui augmente toujours plus. Mais surtout le logement apparaît comme une nouvelle source d’inégalité avec un coût inversement proportionnel aux conditions de ressources.

Alors qui sont les responsables ? Pour la Fondation Abbé Pierre ce sont les pouvoirs publics et surtout l’Etat qui n’en finit pas de se désengager. Là encore, il faut citer quelques chiffres. Le budget de l’Etat concernant le logement a diminué de 340M€ cette année par rapport à 2009. D’autre part et à plus long terme, la contribution de l’Etat en faveur du logement correspondait en 2000 à 1,36% du PIB, en 2008 elle correspond à 1,11% du PIB. Par ailleurs, les prélèvements fiscaux de l’Etat sur le secteur du logement ont progressé en passant de 1,45% du PIB en 2005 à 1,59% en 2008. Le calcul est simple : l’Etat prélève plus sur le logement qu’il ne redistribue. Etonnant constat…

Ainsi, le gouvernement se contente de fixer des objectifs élevés de production de logements sociaux tout en limitant la participation du budget de l’Etat à leur réalisation, en demandant cyniquement aux bailleurs sociaux de vendre leur parc pour produire des fonds propres ! On en arrive donc à une situation paradoxale qui conduit au constat suivant : en 2008, seul un tiers des 1,9 millions de demandeurs de logements sociaux ont eu gain de cause, le nombre de logements disponibles ayant chuté de 14,1% en 10 ans.

Cette contraction de l’offre de logements sociaux conduit à la recrudescence de situations précaires qui se traduit souvent par un phénomène d’exclusion. En d’autres termes, un certain nombre de personnes en difficulté se retrouvent dans le meilleur des cas à devoir habiter chez des tiers, à l’hôtel, ou dans des structures collectives. Au pire, ces personnes sont contraintes de vivre dans des logements délabrés, ou encore dans des conditions de logement dites « atypiques », c'est-à-dire dans des caravanes, des caves, des garages,… Quoi qu’il en soit, ces situations conduisent à des phénomènes d’exclusion et peuvent mettre gravement en danger la santé physique et psychique des personnes concernée. Mais surtout, et le rapport insiste sur ce point, ce sont les enfants issus des ménages les plus modestes qui souffrent le plus de ces situations avec des phénomènes de décrochage scolaire et de manière générale de retard dans le développement social et intellectuel.

Il est donc évident que le fait de combattre le mal-logement permet de résoudre un certain nombre d’autres problèmes sociaux qui y sont intrinsèquement rattachés comme l’exclusion, la précarité, ou encore l’enfance en danger.

Le mal-logement dépend en grande partie du volontarisme politique local. Dans le 3e arrondissement, malgré les contraintes liées à la densité du bâti et à sa dimension historique, nous menons une politique résolument tournée vers le logement social dont le nombre augmente d’ailleurs chaque année. On comptait plus de 1400 logements sociaux en 2008 dans le 3ème dont 500 livrés sous la précédente mandature. Nous souhaitons en faire autant sous cette mandature.

Le logement est un droit. Il est de notre devoir, nous, responsables politiques locaux, de se battre pour qu’il s’applique à toutes et à tous.

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