07 juin 2010

Flash Infos Compte Rendu de Mandat - Conseil de Paris 7/8 juin - Question d'actualité sur le logement - Quand Goasguen me traite de poujadiste...



Aujourd'hui, j'ai posé la question d'actualité du groupe socialiste sur nos projets de logements sociaux dans le 16e arrondissement. L'occasion pour Goasguen, maire du 16e, de me traiter de poujadiste et pour déraper une fois de plus en utilisant l'image de l'étoile jaune... Ici bientôt le dérapage de Claude Goasguen...

Monsieur le Maire, mes cher-e-s collègues,

L’égoïsme de certains a-t-il un impact sur nos projets de logements sociaux dans le 16e arrondissement ? Comme moi, vous avez dû lire avec consternation les échos que se fait la presse des combats auxquels se livrent quelques associations, soutenues par quelques élus contre la construction de logements sociaux dans l’une des parties de Paris qui en compte le moins…

Je veux bien entendu parler de nos projets dans le 16eme arrondissement. La rue Nicolo, boulevard Murat et rue de Varize, l’ancienne gare de la place d’Auteuil et l’avenue du Maréchal Fayolle. 407 logements sociaux, dont les plans ont été réalisés en accord avec les architectes des bâtiments de France et pour certains dessinés par des grands noms de l’architecture d’aujourd’hui, citons Portzamparc et Sanaa, lauréat du glorieux Pritzker, à mille lieues d’« immondices inhabitables », comme semble le craindre un élu de notre assemblée qui est loin d’être pressenti pour intégrer le jury de ce concours…

Monsieur le Maire, dès votre réélection en 2008, vous avez rappelé votre ambition de voir Paris atteindre les 20% de logements sociaux exigés par la loi SRU dès 2014 et ce, en mettant à contribution tout le territoire parisien et en saisissant toutes les opportunités foncières. « Le maire de Paris souhaite faire payer les bourgeois » a informé le maire du 16e arrondissement lors d’un reportage diffusé au journal télévisé de France 2 le 21 mai 2010. Claude Goasguen prétend même aujourd’hui dans le Parisien qu’il n’est pas contre faire plus de logement social dans son arrondissement mais qu’il ne faut surtout pas oublier que les exigences de la loi SRU s’appliquent pour tout Paris mais absolument pas arrondissement par arrondissement. C’est à en rire…

Sauf que aujourd’hui 3800 demandeurs de logements sociaux travaillent dans le 16e arrondissement, contribuent à son rayonnement et à son bien-être. Et surtout, ils attendent de la Ville de Paris que nous répondions à leur souhait de mieux vivre.

Presque 1 sur 2 vit en suroccupation et 1 sur 4 est en délicatesse avec leur propriétaire suite à un congés délivré ou à des loyers trop chers.

Qui sont ces demandeurs ? des instituteurs et professeurs du 16e, des infirmières de Ste Perine, des gardes malades ou des aides à domiciles, des nourrices, des employés de PME, des commerçants, des jeunes couples, des éboueurs,… Toutes ces personnes qui sont les acteurs du quotidien des habitants du 16e arrondissement et qu’il faut savoir loger dans des conditions dignes au plus près de leur lieu de travail si on veut leur permettre de continuer à y officier et à rendre la vie agréable aux habitants du 16e, tel qu’il semble l’apprécier.

Aujourd’hui, puisque la crainte de mixité sociale ne peut-être retenue comme fondement juridique pour attaquer un permis de construire, c’est toute une panoplie d’arguties plus hypocrites les unes que les autres qui sont déployées par des riverains jaloux de leur pré-carré, et soutenus publiquement par les élus de la majorité municipale du 16e. Tentative infructueuse de classement en bâtiment historique pour la rue Nicolo, raisonnement fallacieux pour le réaménagement de la gare d’Auteuil sur la hauteur disgracieuse envisagée alors que les immeubles riverains ont la même, attitude procédurière pour le projet Varize Murat, et surtout, surtout,… guérilla juridique menée par une association de riverains de l’avenue du Maréchal Fayolle avec plus de 25 000 euros déboursés contre le projet de la Ville et ce, pour éviter la destruction d’un bunker sans aucune valeur patrimoniale… Et pour se donner bonne conscience, le Maire du 16e dit qu’il préférerait à la place des centres pour SDF ou pour femmes battues mais en attendant ils préfèrent surtout que rien ne se passe dans son arrondissement concernant le logement social, que les friches restent friches et que les immeubles vides restent vides…

Monsieur le Maire, mes cher-e-s Collègues, nous ne devons pas céder aux égoïsmes locaux. Il n’y a qu’un seul Paris fait d’un fragile équilibre de sa diversité. Ces attitudes irresponsables le mettent en péril et nécessitent de notre part la plus grande volonté et fermeté. Aussi, mon groupe politique, qui apporte le plus entier soutien à votre politique de financement de logements sociaux, souhaite savoir ce qu’il en est des projets pour lesquels nous avons votés au sein de cette même assemblée, en particulier leur calendrier et si leur nature en est impactée.

Réponse de Jean-Yves Mano, adjoint au Maire de Paris chargé du logement, élu du 16e arrondissement:

M. Jean-Yves MANO, adjoint. - Je remercie effectivement M. Ian BROSSAT et M. CARON-THIBAULT d'avoir abordé ce sujet.

Ils ont été choqués par ce qu'ils ont lu ou ce qu’ils ont entendu dans la presse. J'ai été choqué comme nous tous d'entendre que certains assument sans aucun complexe le fait qu’à Paris, des arrondissements de Paris ne seraient pas susceptibles d'accueillir tel ou tel type de population : oui, c'est bien cela qu'on a lu, c’est ce qu'on a entendu.

Je trouve profondément regrettable que ces propos n'aient pas été contredits par les élus de la République, qui se trouvaient présents dans les réunions publiques, où , tout de même, j'ai entendu ceci : "le logement social dénature le 16ème ", "le quartier de la porte Saint-Cloud est une anomalie de l'histoire", "le logement social pose des problèmes de sécurité", évidemment, autour du parc des princes et pour l'ambassade de Russie et il pose tellement de problèmes de sécurité qu’on fonde même un comité local de sécurité...

(Brouhaha).



M. Jean-Yves MANO, adjoint. - … sur le quartier de la porte Saint-Cloud, car, oui, tout le monde le sait, il y a des rassemblements de bandes énormes au quartier de la porte Saint-Cloud.

Voilà l'image véhiculée par les élus de la République dans le 16e arrondissement, et c'est vous, Monsieur GOASGUEN et Monsieur DEBRÉ, autre député maire, qui tenez de tels propos.

Eh bien je trouve scandaleux, alors que vous êtes là pour essayer de pondérer les choses dans un arrondissement où, certes, cette expression peut être employée de ci de là par une partie minoritaire du 16e arrondissement. Or, vous vous faites le porte-parole des plus extrêmes du quartier, de l'arrondissement, soit peut-être 10 % de la population : c'est regrettable, car, au fond, de quoi s'agit-il ? Il s'agit de fournir du logement financièrement accessible aux Parisiens dans des terrains disponibles du 16e arrondissement comme ailleurs.

Pourquoi ? Pour une bonne et simple raison. Y compris dans les arrondissements du 16e, du 17e ou du centre de Paris, il y a des demandeurs de logements sociaux, bien évidemment. Avant 2001, la réponse à leur demande était la suivante : "Vous avez droit au logement social. Allez à l’Est de Paris ou allez en banlieue". D’ailleurs, vous distribuiez aux maires d’arrondissement de droite de l’Ouest parisien ou du centre de Paris, des bons de visites pour envoyer les populations à l'Est ou l'extérieur de Paris. Nous n'avons pas cette conception de la ville. La ville, ce n'est pas des quartiers de privilégiés d'un côté, fermés aux autres ! Paris tire sa richesse de sa diversité, y compris dans le 16e arrondissement. Le 16e bouge, Monsieur GOASGUEN, vous ne le voyez pas, vous refusez de le voir. Oui, une infirmière, oui, un policier, oui, quelqu'un qui est à notre service quotidiennement dans son activité professionnelle, qui sert y compris les habitants du 16e, si nous ne sommes pas là pour les loger, ils iront se loger en banlieue…

(Brouhaha).



M. Jean-Yves MANO, adjoint. - … et je considère que les acteurs de la ville ont leur place à Paris et non pas en banlieue.

Oui, c'est notre responsabilité de les mettre partout, sur l'ensemble des terrains disponibles et ne tournez pas autour du pot ; un jour, c'est trop haut, un jour, ce n’est pas le bon produit, etc. Non, Monsieur GOASGUEN, le fond de votre pensée, c'est que vous êtes contre le logement social, assumez-le jusqu'au bout !

Aujourd'hui, j'ai trouvé vos propos dans "Le Parisien" bien timides par rapport à ce que vous avez pu afficher publiquement, et notamment à France 2, où vous aviez une expression qui est caricaturale de ce que vous êtes, hélas ! Vous protégez une certaine partie de la population, c'est fort regrettable. Moi, je suis pour le vivre ensemble à Paris et vous, la lutte de classe veut encore dire quelque chose pour vous, dans votre bouche, et c’est fort regrettable !

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