05 octobre 2010

A l'approche de l'hiver, la Mairie du 3e commence à se mobiliser pour les personnes sans domicile fixe


A l'approche des grands froids, la Mairie du 3e va recommencer de nouveau ses actions de solidarités vis à vis des personnes sans domicile fixe.

La coordination que nous avons mise en place sur tout Paris, arrondissement par arrondissement, commence à véritablement porter ses fruits. Nous aboutissons enfin sur une vision plus claire et précise du public à la rue dans notre arrondissement. Ce qui est capital afin d'être au mieux efficace. C'est en connaissant les spécificités de chacun que nous pourrons d'une part adapter nos structures d'hébergement et d'autre part mobiliser les bons acteurs pour tenter une sortie de rue. Nous avons eu hier soir une réunion de coordination pour commencer à nous préparer à venir en aide aux personnes sans domicile fixe à l'approche de l'hiver.

Dans notre arrondissement, les deux associations qui effectuent les maraudes sont Emmaüs et la Croix Rouge, elles sont coordonnées par la Mairie du 3e et l'association Aux Captifs, la Libération. La Croix Rouge regroupe des bénévoles et maraude donc en soirée, une fois par semaine, tous les jeudis de 20h à 23H. Emmaüs maraude de manière professionnelle et est donc dépendant des financements d'état pour pouvoir employer. Suite à une forte pression mise entre autre par la Mairie du 3e, Emmaüs s'est vu attribuer deux postes supplémentaires pour le centre de Paris ce qui leur permet maintenant d'assurer une présence de 1,5 jours par semaine dans l'arrondissement.

Le travail que cette coordination et le renforcement des moyens est considérable. Aujourd'hui, nous sommes en mesure d'identifier la totalement des présences de SDF dans l'arrondissement (entre 30 et 40), ceux d'entre eux qui sont sédentarisés (24), les zones de vie plus ou moins socialement lourdes,... avec une particularité qui ne se retrouve pas dans tous les arrondissements: un âge élevé de ces personnes. Les maraudeurs peuvent donc passer régulièrement aux bons endroits, suivre les évolutions, apporter écoute et parfois solution.

D'ici fin novembre, les maraudes d'Emmaus bénéficieront de l'intervention de ce qu'on appelle l'intersecteur (une sorte de coordination des services sociaux pour SDF) afin de déterminer les problématiques de chacun pour mieux essayer de les traiter: psy, toxico, dégradation physique avancée suite à une absence d'hygiène,... ou des fois, rien, si ce n'est une grande désocialisation.

Rappelons que les maraudes ne peuvent rien faire sans l'accord et la participation de la personne SDF. Et c'est tant mieux.

Au niveau de la Mairie du 3e, nous allons sans nulle doute réouvrir la salle Bretagne comme l'année dernière pour en faire un abri temporaire et relancer notre adresse mail de signalement sdf3@paris.fr. Nouveauté cette année: la Croix Rouge a travaillé à une carte de l'arrondissement avec les informations nécessaires à distribuer aux personnes sans abri. Nous allons retravailler cette carte avec Emmaüs puis voir comment la faire imprimer et plastifier.

Ce type de réunion et de coordination ont permis, un peu comme ce que j'avais mis en place sur la rue Pastourelle, de créer pour tout Paris un modus operandi pour procéder aux évictions de l'espace public: fixation d'un jour pour l'éviction avec le commissariat, passage plus régulier des maraudes sur le lieu en attendant le jour J afin d'avertir les personnes, présence des services de police, de nettoiement et des services sociaux le jour dit pour être à la disposition des personnes si celles-ci souhaitent un hébergement.

Je ne suis pas un grand fan de ce type d'éviction mais dès fois elles sont nécessaires car certaines personnes peuvent être violentes, privatiser l'espace public ou faire preuve d'un manque d'hygiène qui peut être alarmant pour eux comme pour la population. De plus, si on part du principe que la place d'un être humain n'est pas à la rue, procéder à une éviction d'un endroit souvent refuge peut inciter la personne à accepter des solutions d'hébergement.

Il faut mettre des guillements autour de ce mot "refuge". Car généralement ces refuges ne le sont en rien. Des arcades, des recoins de passage,... On imagine alors les SDF à l'abri du froid. Sauf qu'à chaque fois qu'un d'entre eux meurt, ce n'est pas au beau milieu de la rue, mais bien dans ces "refuges" car ces refuges restent aux prises des grands froids les plus intenses. Et que quand on est dans un refuge, on refuse de suivre les maraudes car on s'estime protégé. Surtout quand certaines personnes animées de bons sentiments viennent donner de quoi se sédentariser dans la rue. S'il n'est pas question d'emmener de force les sans abri dans des centres d'hébergement, il faut néanmoins savoir traiter les aspérités de la ville qui sont dès fois des pièges où la mort les attend.

Personne n'est au bout de son histoire.

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