09 novembre 2009

20 ans après, les jeunesses européennes se dressent contre les nouveaux murs à l’Est


20 ans après la chute du Mur de Berlin, l’Histoire n’est pas finie et l’idée européenne demeure un combat.

Les peuples et les gouvernements de l’Union Européenne s’apprêtent à célébrer le vingtième anniversaire de la chute du Mur de Berlin, événement libérateur qui lança le processus de réunification de notre continent et forgea le rapport au monde de notre génération. Nous participerons avec allégresse et conviction à ces célébrations.

Mais, alors que les commémorations officielles se limiteront à évoquer au passé un mur dont il ne reste que quelques tronçons soigneusement conservés comme autant de témoins d’une histoire supposée révolue, nous - jeunes citoyens européens - entendons rappeler qu’il existe à nouveau, en Europe, des murs divisant les peuples et les sociétés.


Un mur, aujourd’hui, traverse la Géorgie, délimitant les régions occupées d’Abkhazie et d’Ossétie du Sud. Construit précisément par les gens dont les idées ont été défaites le 9 novembre 1989, il vient sceller une politique d’épuration ethnique qu’un rapport commandé par l’Union Européenne vient de dénoncer et qui a conduit des centaines de milliers de civils à être expulsés de leurs villes et villages sur des critères racistes ou politiques, dans les années 1990 et en août 2008.


Des rideaux de fer enferment des peuples entiers dans un système oppressif que nous espérions à tout jamais disparu de notre continent. Ils maintiennent les jeunesses abkhazes, ossètes, tchétchènes, ingouches ou daghestanaises, mais aussi russes ou biélorusses, dans la peur et l’enfermement.


20 après la chute du Mur de Berlin et l’ouverture du rideau de fer, comment justifier que des centaines de jeunes Tchétchènes puissent être arrêtés ou enlevés chaque année ? Comment tolérer la chasse aux « culs noirs » (citoyens du Caucase ou d’Asie Centrale) qui s’organise impunément dans les rues de Saint-Pétersbourg ou de Moscou ? Comment comprendre qu’un Géorgien originaire d’Ossétie ou d’Abkhazie ne puisse se rendre sur la tombe de ses parents ? Comment admettre que les militants des droits de l’homme et les journalistes indépendants puissent être emprisonnés ou assassinés en Russie ? Comment supporter que la Pologne soit libre et non la Biélorussie ?

Vladimir Poutine a qualifié la chute de l’URSS de « pire catastrophe géopolitique du XXe siècle ». Nous pensons au contraire qu’il s’agissait d’un nouveau départ pour l’idée européenne. Ce nouveau départ a porté d’indéniables fruits. Mais il n’a pas marqué le dépassement des luttes politiques et éthiques. La construction européenne, qui est la grande aventure politique de notre génération, demeure ce qu’elle a toujours été : un combat. Contre le racisme, contre le nationalisme, contre les idéologies totalitaires.

Ce combat ne sera pas gagné par de simples commémorations. Il le sera par la conviction, le dévouement, l’enthousiasme des jeunesses européennes. Il le sera si nous n’acceptons pas qu’un pays européen soit à nouveau occupé et divisé. L’Union doit être fidèle à son histoire et à ses valeurs. Voilà pourquoi la Géorgie aujourd’hui nous préoccupe et nous concerne. C’est l’idée européenne même, qui, là-bas, est en jeu.

Julien Boucher (fondateur de Macaq), Gauthier Caron-Thibault (Conseiller de Paris), Patrick Klugman (Avocat)

Les Jeunes Européens, la Maison de l'Europe et de l'Orient

SOS Racisme, FreeCaucasus, Confédération Etudiante, l'UEJF, le Collectif 28 Septembre, Ukraine Art, Comité Tchétchénie, Association des Géorgiens en France, Urgence Darfour

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