Le Revenu de Solidarité Active va bientôt rentrer en action, remplaçant deux allocations financières de lutte contre l’exclusion, le Revenu Minimum d’Insertion et l’Allocation de Parent Isolé, ainsi que tous les dispositifs déjà existants ayant pour but l’intéressement financier du retour à l’emploi (Prime pour l’Emploi en particulier).
Une fois cette allocation mise en place, le but est de faciliter le retour à l’emploi en garantissant que toute prise nouvelle de poste soit plus intéressante qu’un maintien dans une situation d’assistanat. Dès lors, un dispositif de suivi du bénéficiaire est mis en place pour conditionner le versement du RSA à l’acceptation des offres de travail qui pourra lui être faite.
Cela semble ne rien avoir de choquant, tant le dispositif d’aide sociale est complexe et tant il faut constater qu’il y a des trappes de pauvreté engrangées par l’existence de minima sociaux dont le montant est proche (ou plus attractif) des salaires des travails précaires (mi-temps, intérim par ci par là,…)
Mais il faut cependant analyser la population qui aujourd’hui bénéficie de ces minima sociaux : des personnes proches de l’emploi (qualifiées un minimum mais touchées par la crise économique de notre pays) et des personnes beaucoup plus éloignées parce que inaptes mais non handicapées (ne les faisant pas quitter le RMI pour l’Allocation Adulte Handicapé).
Quand je parle de personnes éloignées, je parle des SDF, des malades psychotiques (qui sont cependant indépendants), de toxicomanes ou d’anciens toxicomanes, d’artistes, de personnes chômeurs âgées, de personnes sans aucune qualification (sans caricature, dès fois à la limite de l’alphabétisation),… Des personnes qui n’ont bien souvent que le RMI pour vivre et essayer de s’en sortir. Et ils sont beaucoup plus nombreux qu’on ne le croit, j’en ai été frappé dès mes premières permanences d’élu aux affaires sociales (ce qui avait motivé ma récente intervention au Conseil de Paris sur le Plan Départemental d’Insertion).
Cela ne veut pas dire évidemment qu’il faille laisser la situation tel qu’elle est. Bien sûr qu’il faut multiplier les lieux d’accueil et d’accompagnement social, bien sûr qu’il faut sans doute avoir des exigences, bien sûr qu’il faut inventer quelque chose de spécifique pour ces situations d’exclusion et de précarité. Mais je ne crois pas qu’il faille supprimer ce dispositif en le remplaçant par le RSA car celui-ci n’est absolument pas adapté à ces personnes, l’objectif de cette nouvelle allocation ne pouvant leur faire rencontrer mécaniquement que échec et échec et les enfoncer encore plus durablement dans l’exclusion.
Du coup, j’ai été choqué d’entendre sur France Inter deux de nos leaders (socialistes), Julien Dray et Pierre Moscovici dire qu’ils étaient prêt à voter le RSA si celui-ci était financé par tous, en dépit des dispositions du bouclier fiscal (qui interdit de payer un impôt représentant plus de 50% de son revenu). Personnellement, bouclier fiscal ou pas, moi, je vote non (même si je ne suis pas député).
1 commentaire:
Le RSA ne fera en effet que dégrader la situation de ces personnes qui ne sont pas dans la capacité de reprendre un emploi ou qui refuseront avec raison d'accepter n'importe quelle "offre d'emploi acceptable" de petit boulot précaire.
Elles seront stigmatisées comme des mauvais pauvres, à l'inverse de bons pauvres qui reprendront un emploi même précaire.
Le RSA aura ainsi également pour effet de renforcer la précarité sur le marché du travail.
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