17 octobre 2011

Flash Infos Compte Rendu de Mandat - Conseil de Paris des 17 et 18 octobre - Rapport sur la perte d'autonomie des seniors à Paris


Monsieur le Maire, mes cher-e-s Collègues,

Je souhaite commencer mon intervention en évoquant un habitant du 3e, qui vient de bénéficier de notre Réseau Logement Seniors. Passant d’un studio accessible par une échelle dans lequel il devait soigner son cancer à un logement imaginé pour les seniors dans un immeuble traditionnel, avec les bailleurs sociaux, les services sociaux, le Pact, l’Asad et la Régie de Quartier Paris centre, deux mois après son entrée dans les lieux, il nous annonça : « ici, j’ai l’impression que je vais vieillir moins vite ».

Cette phrase a fait écho à la toute première audition qu’a réalisé notre Mission, de Geneviève Laroque, présidente de la Fondation nationale de gérontologie. Bien sûr, elle nous a parlé des problèmes médicaux, sociaux que rencontrent nos seniors, mais elle nous a surtout expliqué sa théorie des pluri mini handicap. Quand on peut se maintenir à son domicile, quand on peut soit même faire ce choix et être aidé par une aide à domicile, il reste toujours une faille : celle de son environnement, de son logement, qui empêche certains gestes de la vie de tous les jours, confine à l’isolement, à la perte d’estime de soi et amplifie les pertes de dépendance.

Cette mission a donc été l’occasion de demander et de consolider des chiffres et des analyses qui nous ont donné la certitude que nous avions une marge de manœuvre qualitative importante pour prendre en charge la dépendance des seniors, à notre niveau, celui d’une collectivité locale, quand au niveau national, on préfère se défiler, ce qui vaut mieux vu les orientations prises récemment par le gouvernement…

Quelques chiffres. Paris, c’est 14% de plus de 65 ans dont 7,4% de plus de 75 ans. C’est aussi 50% d’entre eux propriétaires de leur logement, un quart locataire du privé, un cinquième du parc social, le reste à l’hôtel ou en famille, mais avec en permanence un tiers d’entre eux qui vivent dans un logement inaccessible, problématique normale dans une ville dont 63% des logements datent d’avant 1949.

Monsieur le Maire, il nous apparaît donc urgent d’amplifier la mise en accessibilité de ces logements privés. La Ville fait déjà beaucoup : programme d’intérêt général « Mobilité », les opérations programmées d’amélioration de l’habitat et la délégation de compétence que nous avons confiée au Pacte de Paris. Mais l’ANAH d’une part a tendance à aider plus les propriétaires occupants et d’autre part ne délivre ces aides uniquement que quand la dépendance est déjà constatée. Nous pensons donc que nous devrions revoir notre politique d’aide à la mise en accessibilité de l’habitat privé pour essayer d’améliorer ces résultats en fonction d’un objectif affiché de prévention et de solidarité.

De même, et pour celles et ceux qui ne peuvent rester locataire ou hébergés dans le parc privé, nous pensons qu’il est nécessaire d’inviter les bailleurs sociaux à poursuivre leurs efforts de travaux d’accessibilité tout en les invitant à coordonner autour un ensemble de services déjà existants ou éventuellement à créer, à l’image du Réseau Logement Seniors du 3e. Cela permettrait de créer une alternative intéressante à l’entrée en résidences services ou appartements et de permettre aux seniors à continuer de vivre au milieu de la cité, dans un milieu non dévolu exclusivement aux seniors.

Enfin, je souhaite juste souligner une proposition de notre mission qui est déjà menée dans de nombreuses villes et qui contribuent à renforcer la dignité et l’autonomie des seniors. Il s’agit de prendre en charge, bien sûr sous conditions de ressources, les petits travaux du quotidien qui ne dépendent pas du bailleur mais du locataire, sauf que là le locataire en est empêché de par sa condition physique. Changer une ampoule, détacher des rideaux, bouger un meuble,… ces gestes qui nécessitent de demander l’aide d’un tiers, quand possibilité d’un tiers il y a, et qui renvoie le senior plus à son incapacité qu’à ses possibilités. Aussi, des structures de l’économie sociale, des régies de quartier par exemple, pourraient très bien remplir ce rôle de solidarité.

Monsieur le Maire, mes chèr-e-s collègues, nous le répétons assez souvent : le logement est un élément central de notre politique. Cette mission a pu rentrer plus en profondeur dans ce dossier, en l’abordant sous la forme qualitative, à l’aune du public des seniors. Et c’est ainsi que nos propositions ont été guidées par un objectif seul : celui de mettre le logement au cœur de notre politique de prévention de la dépendance. Et pour reprendre Oscar Wilde « le drame de la vieillesse, ce n’est pas qu’on se fait vieux, c’est qu’on reste jeune. » Sauf quand le logement vous fait vieillir avant l’âge…

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Entre la parole et les actes, il y a un certain décalage. Dans mon HLM, sur 10 appartements attribués ces deux dernières années, aucun ne l'a été à des personnes de plus de 50 ans... Tous l'ont été à des personnes étrangères ou d'origine étrangère... Aucun jugement de valeur là dessus, juste un constat...