01 mars 2010

A la sortie du plan grand froid, quid du 3e?


Suite à la mise en place de la coordination des maraudes dans l’arrondissement, la Mairie du 3e a participé au plan Grand Froid en ouvrant une salle de ses locaux aux sans abri et en instaurant une adresse mail (sdf3@paris.fr) pour faciliter les signalements. Le plan grand froid se terminant bientôt, il était intéressant de mener une réunion en présence d’Aux Captifs, la Libération !, la Croix Rouge et Emmaüs pour faire un point sur la situation dans l’arrondissement…

Tout d’abord, sur les dispositifs institutionnels. Des Permanences Sociales d’Accueil existent sur tout Paris et sont spécialisées dans la prise en charge sociale des personnes à la rue en fonction de leur profil. Sur le terrain, nous disposons de l’Espace Solidarité Insertion (une station de métro entre République et Strasbourg St Denis), qui rayonne sur tout Paris, mais qui de ce fait rend beaucoup de service à la population exclue du 3e (soins médicaux, repos, nourriture légère, douches, machine à laver,…). Et enfin, deux Centres d’Hébergement et de Réinsertion Sociale existent (les UniversElles et l’Hôtel Social du Marais du Groupe SOS). A noter que nous sommes en train de monter une Maison Relais pour personnes âgées ayant connu l’errance urbaine.

Ensuite, directement sur le terrain. Deux maraudes se relaient. Une professionnalisée gérée par Emmaüs (2 personnes pour le 3e et 4e) qui circule de jour et enfin une basée sur le volontariat gérée par la Croix Rouge Française qui circule le jeudi de 20h à minuit.

Ces maraudes ont noté la présence de 40 à 60 personnes SDF dans le 3e, qui est en fait considéré comme un arrondissement dortoir : sûr et calme la nuit, il est fui le jour car trop de monde. Ces personnes repérées semblent être là depuis très longtemps. Les maraudeurs ont été marqués par la présence affirmée, plus que dans d’autres arrondissements, de personnes SDF ayant tout de même une activité professionnelle. Sinon les profils sont sensiblement les mêmes que sur Paris : troubles psy, des personnes sédentarisées à la rue et des personnes de nationalité rom ou polonaise. A noter tout de même, une présence relativement importante de femmes et de jeunes.

Ce diagnostic du terrain est pour nous très important car il va nous permettre de mieux mobiliser les réseaux efficaces, d’avoir une action sociale coordonnée vers une population qui n’est pas facile à aider. Profitons que les frimas sont éloignés pour tenter de les sortir de là où ils sont, sachant que certains refuseront toujours, la rue ayant eu le temps de ruiner les dignités et d’approfondir la désocialisation.

Reste par contre que dans 14 jours la période de la trêve hivernale des expulsions locatives prend fin, que les gymnases et salles que nous avons ouverts montrent bien que l'Etat n'assume pas sa responsabilité d'hébergement des SDF... Reste que nous avons encore des défis à relever.

2 commentaires:

vivrelemarais a dit…

Il y a un SDF installé depuis trois mois environ devant le gymnase Michel le Comte dans des conditions sanitaires qui rappellent les "arcades" du 35 rue Pastourelle. Peut-on accepter qu'il réside là durablement ? Quel est votre projet pour lui ?
Vivre le Marais !

Gauthier Caron-Thibault a dit…

Bonjour,
Tout d'abord, je précise que "nous" n'avons pas de projet pour lui et que "nous" (mairie + services sociaux + maraudes) sommes là pour l'aider à monter un projet de vie autre que la rue et à le mettre en forme. A préciser que ces projets peuvent être totalement divers et traiter des problématiques sociales plus ou moins profondes (manque de logement, troubles psy, toxico, errance administrative...). Cela prend donc du temps.
Cette personne est connue des équipes de maraudes qui le suivent depuis longtemps, il est en effet présent à cet endroit depuis plus de 3 mois! Vous comprendrez que je ne puisse vous en dire plus, non pas que je n'en ai pas la possibilité mais pas le droit car il s'agit d'une situation individuelle qui n'a pas à être révélée.
Sachez cependant que les possibilités que les maraudes peuvent proposer sont a minima un suivi social (régulier mais light dans la rue ou approfondi mais dans une structure institutionnelle), a maxima une solution d'hébergement. Mais que pour que ces possibilités deviennent concrètes, il faut que la personne concernée les accepte. Ce qui n'est pas toujours le cas.
Mais merci de ce signalement, même si déjà connu, cela montre qu'il faut continuer à sensibiliser la population sur ces actes de solidarité.
Puisque vous faites un parallèle avec les arcades du 35 Pastourelle (et pourquoi pas du passage du Pont aux Biches concerné récemment par le même enjeu), rappelons que nous avons fait à ces emplacements des opérations sociales et sanitaires de suivi de longue durée avant éviction pour mettre fin à des situations sanitaires qui devenaient calamiteuses, sociales qui devenaient très problématiques et de sécurité qui devenaient embarrassantes pour les passants. Concernant cette personne, nous n'avons jusqu'à maintenant eu aucun signalement de violence ni des habitants ni des maraudes. IL faut comprendre que ces évictions que nous essayons de rendre les moins violentes et les moins stigmatisantes possibles (suivi social renforcé et accru pendant des semaines en proposant des hébergements, mobilisation de tous les acteurs (maraudes, samu social, service de propreté et commissariat) ne peuvent se produire à chaque fois qu'il y a une personne SDF car cela ne réglerait aucun problème, ni macro (problème de l'errance urbaine) ni micro (situation sociale individuelle) et que les utiliser trop fréquemment rendrait totalement inefficace l'action de celles et ceux qui luttent contre l'exclusion dans la rue.
Bien à vous,
GCT/

Pour info, un rappel sur notre action aux arcades Pastourelle: http://ruedebretagne.blogspot.com/2009/02/sous-les-arcades-de-la-rue-pastourelle.html