07 juillet 2014

Aujourd'hui, donnez votre sang. Oui. Mais pas tous.

Donner son sang : une démarche dont nous reconnaissons tous la nécessité mais que nous demeurons trop peu à entreprendre. La journée nationale du don de sang a eu lieu le mois dernier, l’occasion pour moi de vous rappeler l’importance de ce geste à la fois si simple et si salvateur.


10.000 dons de sang sont nécessaires chaque jour pour couvrir les besoins des personnes malades, soit un stock annuel de 3,5 millions de dons. Or, en 2012, seuls 2,6 millions de dons ont été recensés : un décalage offre/demande extrêmement problématique.

Nous serons tous d’accord pour reconnaître l’importance que revêt ce geste dont l’enjeu direct est le maintien en vie d’individus malades. La finalité et l’esprit de la démarche sont donc tout à fait louables. En revanche, les modalités du dispositif ne sont pas exemptes de critiques. Comme chacun sait, il existe des contre-indications au don du sang qui empêchent certains individus de participer à la collecte. Ainsi, les personnes susceptibles de contaminer des poches entières de prélèvements sanguins, en sont exclues : individus souffrant de maladies des vaisseaux sanguins, de diabète, de MST se transmettant par le sang (VIH par exemple) ou, plus surprenant, les hommes homosexuels !

Comment expliquer cette dernière contre-indication ? En tout cas, pas par des causes médicales. Ce sont les pratiques à risques qui sont dangereuses et susceptibles d’aboutir à l’infection du sang. En aucun cas, l’orientation sexuelle. Preuve s’il en fallait que le choix de pratiquer cette contre-indication relève plus d’un arbitrage politique que d’une vérité scientifique, certains pays autorisent les hommes homosexuels/bisexuels à donner leur sang sans restriction particulière (pays en violet sur la carte ci-dessous, les pays en jaune sont ceux où les hommes homosexuels peuvent donner leur sang sous certaines conditions).

Cette interdiction réservée aux gays se fonde donc sur un amalgame très problématique entre orientation homosexuelle et MST liées à des pratiques sexuelles à risque : une vision archaïque de l’homosexualité masculine. De la précaution à la discrimination, il n’y a qu’un pas…

Un rapport remis à la ministre de la Santé il y a un an avait justement détecté cet « excès de contraintes non réévaluées au fil des années » dont souffre la compétitivité de la filière française du sang. Promesse de campagne de François Hollande, l'ouverture de l'accès au don de sang aux hommes homosexuels n’a toujours pas été réalisée.

Puisque le dispositif de prévention tel qu’il existe aujourd’hui (les donneurs hétérosexuels et homosexuels lesbiens doivent répondre à un questionnaire au sujet de leurs habitudes/pratiques/précautions sexuelles avant de donner leur sang) constitue déjà un rempart efficace à la contamination, nul besoin de le compléter par une interdiction stigmatisant une partie de la population.

Si vous n’avez pas participé à la collecte nationale de juin dernier, il est encore temps de vous rattraper : rendez-vous lundi 7 Juillet à la salle des fêtes de la Mairie du 3e, l’équipe de l’Etablissement Français du Sang vous y attend !



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