Allumage de la flamme du souvenir |
"Dans la haine nazie, il n'y a rien de rationnel... Nous ne pouvons la comprendre. Mais nous pouvons et devons comprendre d'où elle est issue et nous tenir sur nos gardes. Si la comprendre est impossible, la connaître est nécessaire, parce que ce qui est arrivé peut recommencer"
Primo Levi
L’article 175 sonna comme le glas pour les personnes homosexuel-le-s de leur liberté pendant la Seconde Guerre Mondiale. Cet article 175, de la loi de 1871 condamnant les pratiques homosexuelles, renforcé par les nazis en 1935, eut un impact direct, concret, important pour celles et ceux vivant en Allemagne, en territoire annexé et en particulier, en Alsace et en Moselle. Et bien sûr douloureux. La déportation frappait ce qui était alors considéré comme un crime. Ailleurs, en France, c'était brimades et discriminations. Avec de multiples qualificatifs sur lesquels il est inutile de s’étendre.
Evidement,
le nombre n’est pas le même que celui de la Shoah. On parle de 5 à 10 000 déportés pour ce motif. Mais son existence
montre que le système nazi se nourrit de toute haine de ce qui est
différent, de ce qui est libre, de ce qui échappe aux contrôles, de ce
qui s’oppose. Le fameux triangle rose, dont la réalité a été prouvée
puisque parfois remise en cause, a marqué la crainte d’une génération,
face à la barbarie qui libéra les les haines. Et
cela, sur tous les territoires en prise avec la Seconde Guerre Mondiale.
Il
est important de le dire , il est important de le commémorer et de
s’en rappeler. Devoir et Mémoire, c’est la devise de l’association les
Oubliés de la Mémoire qui nous permet d’avoir à la Mairie du 3e
du 4 au 15 novembre une émouvante mais nécessaire exposition sur la
déportation pour motif d’homosexualité. 24 panneaux informatifs la
constituent. Ils sont regroupés par thématique et les textes
s’accompagnent d’illustrations émanant d’archives, voire de documents
consultables sur internet depuis smartphone ou tablette. On y découvre
ou redécouvre les noms de Josef Kohout, de Pierre Seel, de Rudolf
Brazda, mais aussi de Natzweiler, le fameux Struthof, le seul camp de
concentration sur le territoire aujourd’hui français.
Cette
exposition, ce devoir de mémoire est important, en particulier en ce
moment, quand le racisme revient avec son cortège d’homophobie, de
sexisme,… dans une banalisation redoutable et inquiétante. Elle revient
de surcroit par le visage d’une enfant qui face à des parents
impassibles compare une femme noire, Christiane Taubira, à une guenon.
C’est sans doute ce lien, cette transmission de la bêtise qui m’a le
plus marqué. Et qui me permet de croire que la politique, ce n’est pas
que du social, de l’économique et de l’international. Mais que les
libertés individuelles et l’émancipation collective sont des combats que
nous devons impérativement mener.
Merci à mes collègues Patrick Badard, élu chargé de la mémoire, et Flora Bolter, élue en charge de la lutte contre les discriminations, pour cette très belle initiative.
Et si vous passez à Berlin, allez visiter le musée de l’homosexualité qui propose une exposition permanente et très sérieuse sur l’histoire de cette communauté, depuis 200 ans. Le musée décrit les stratégies, les choix et les difficultés des homosexuel-le-s pour mener une vie indépendante, trouver des gens qui partagent les mêmes idées, et s’organiser en réseau sur une période qui va de 1790 à 1990.
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