10 octobre 2009

Sur l’affaire Mitterrand…


Les défenseurs de la laïcité se sont battus pendant des années pour que la morale ne vienne pas s’immiscer dans la politique, car cette morale fait appel à un système de pensée qui refuse de donner ses origines et de définir ses fondements. C’est cette morale qui fait dire depuis trop longtemps avec des résultats désastreux que les drogues, c’est mal, l’homosexualité aussi et les jeunes filles en mini jupe, tout pareil. Et à la question « pourquoi ? », bien souvent l’on sèche… mais en attendant on bride et on réduit la liberté alors qu’elle a encore des marges de manœuvre avant d’atteindre et d’entraver la liberté d’autrui.

A côté de la morale, on peut aussi (et en mieux) parler de l’éthique. Etymologiquement, ce terme signifie « science morale ». Mais le fait d’y ajouter le mot « science » change beaucoup car cela fait basculer la morale dans l’obligation de se justifier, de se positionner dans une relation interpersonnelle au sein de notre société. C’est alors qu’on retrouve (en en faisant le choix) des notions comme la liberté, l’égalité, la fraternité comme fondement de nos actes, pour faire de nous des hommes et femmes qui cherchent à répondre à la question « comment agir au mieux ? »

Alors que penser, au regard de l’éthique et non de la morale, des actes de Frédéric Mitterrand ? Qu’ils sont inacceptables. Je ne crois pas qu’il soit pédophile. Le fait n’est en tous cas pas avéré. Ce qui est sûr est qu’il a pratiqué le tourisme sexuel, c'est-à-dire qu’il allait profiter de la pauvreté des uns pour satisfaire son plaisir et troubler son mal-être. C’est juste cela qui n’est pas acceptable.

Il n’est pas question de juger l’homme, c’est à lui seul de trouver les moyens de se mettre en accord avec ses valeurs. Mais de juger l’acte, oui. S’acharner comme il a été question sur Mitterrand est honteux et amène à confondre l’éthique collective et la morale individuelle. Et on en oublie de parler de l’acte et de ce qu’il évoque et implique.

Ne cherchons pas d’autres arguties, la prostitution, la marchandisation du corps via la prostitution est l’avènement de la banalisation de la pauvreté, de la précarité et de l’exclusion.*Ne trouvons pas non plus d’exemples inverses de personnes disant être très heureux-ses ainsi, cachant cela derrière la liberté de disposer de son corps (disposer n’est pas vendre et n’implique pas de cession, même temporaire). Lénine parlait déjà d’idiots utiles.

Hamon, Valls, Montebourg. 3 représentants d’une même génération qui n’accepte(nt) pas. Fier. Cependant, fallait-il le dire maintenant, derrière Marine Le Pen ? J’en doute, car la politique, c’est aussi une histoire de timing et de gestion du temps.

Finissons-en. Il est temps. Mais faisons en un combat, une attitude et une conviction.

« le bonheur est ce qui caractérise le bien être parfait et le fait qu’il doit toujours être possédé pour soi et non pour une autre raison » Aristote


*Ne pas me faire dire ce que je n’ai pas dit : je ne suis pas pour son interdiction mais pour sa prise en charge, ce qui nécessiterait un autre post.

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