19 octobre 2009

Flash Info Compte-Rendu de Mandat - Avenir du Samu Social de Paris


Monsieur le Maire, mes cher-e-s Collègues,

Le Samu Social a été créé en 1993 et pris la mission d’ « aller à la rencontre des personnes qui dans la rue paraissent en détresse physique ou sociale ».

Aujourd’hui par cette délibération, nous abondons comme chaque année le budget du GIP. Et comme chaque année, notre participation est en hausse afin de toujours mieux répondre et donner suite aux milliers d’ appels reçus chaque année, 375 000 en 2008. C’est cette année 2 839 000 euros que nous versons, 6,2% de plus que l’année dernière, 73,7% de plus que depuis 2001.

2 ans avant la fin de la convention constitutive, cette reconduction doit être l’occasion de faire un point sur l’action du GIP et sur les nouvelles problématiques qui se posent au territoire parisien, à ses exclus, et qui doivent faire influer son organisation.

La première chose à prendre en compte, c’est la modification du terrain législatif qui avec la loi DALO renforce l’obligation des principes de non remise à la rue, de non abandon et d’accueil inconditionnel.

Aujourd’hui, la Ville de Paris finance un plan pour développer 2000 places en structures d’hébergement et 3 900 places sont actuellement ouvertes à Paris. Ces structures sont adossées à un projet social qui permet de définir le public accueilli et de lui assurer un suivi particulier, adapté à leur problématique. La question de savoir comment le Samu Social peut diriger au mieux les personnes prises en charge vers ces places quand elles sont vides se pose donc.

C’est un véritable enjeu car 28% des demandes initiales se soldent par une impossibilité de prise en charge, sans doute faute à un relais efficace instaurée entre Samu Social et établissement d’hébergement. Il ne faudrait pas que cette situation envahisse les autres activités du Samu, en particulier la recherche de continuité d’hébergement (71% des nuitées pris en charge par le Samu sont du prolongement de prise en charge) car sinon l’action sociale deviendrait inefficace.

Le deuxième chantier qui doit être posé est celui du renforcement des maraudes suite à la diversification des problématiques sociales.

Depuis maintenant 15 ans, le Samu Social a pu récolter des informations et contribuer à la prise en compte de l’urgence dans la rue. C’est aujourd’hui :
- 15% ont moins de 26 ans
- 6% ont plus de 60 ans
- 1 sur 5 femmes
- Augmentation des problèmes dermato, psycho et pneumo

Tout cela renforce la nécessité et l’actualité du slogan du Samu Social « Solidaires Sans Condition ». Aujourd’hui, plusieurs maraudes officient sur Paris. Leur efficacité est chaque année prouvée avec une augmentation constante du nombre de personnes rencontrées et « débusquées », en particulier grâce à la mise à disposition renforcée de personnels de la Ville pour les maraudes en hiver.

C’est donc aujourd’hui une vraie compétence qui a été créée au sein de ces maraudes et qui devraient pouvoir être mobilisée afin de mieux procéder aux évaluations sociales nécessaires aux orientations proposées.


Enfin, troisième et dernier chantier relié, celui du besoin d’une action de plus en plus locale du SSP.

En effet, de plus en plus de personnes exclues s’installent et se sédentarisent dans la rue et ne sollicitent plus d’hébergement car ceux-ci sont trop loin de leur quartier. Aujourd’hui, c’est plus de 75% des personnes à la rue pris en charge sur des lieux récurrents, voire des lieux adoptés.

Comment donc répondre à cette problématique avec cette contrainte humaine de ne pas vouloir se déraciner rendant souvent compliquée l’offre et l’action que mène le Samu Social ? De nombreuses nuitées d’hôtels sont utilisées par le Samu Social au titre des droits de priorité. Sans doute faudra-t-il rationaliser cela pour obtenir des gains de coûts et de qualité.

Cette réflexion est d’ailleurs à mener dans le cadre de la nécessaire régionalisation du Samu Social puisque, vous vous en doutez, cette réflexion ne s’applique pas qu’au territoire parisien…


Monsieur le Maire, Mes Chères Collègues, au vue de la participation de la Ville et du Département, et surtout en rappelant que ce dossier est avant tout de la responsabilité de l’Etat qui souvent peine, je crois qu’il faut tenir au courant la représentation parisienne de la manière dont notre municipalité entend gérer ces modifications et évolutions nécessaires au Samu Social pour assumer au mieux ses missions.

Réponse d'Olga Trostiansky, adjointe au maire de Paris chargée de la solidarité:

Les modifications apportées par ce projet de délibération visent à donner une base juridique aux activités du GIP Samusocial, qui se sont considérablement élargies depuis sa création en 1993. Aux missions originelles d’attribution des places d’hébergement du 115 et de maraude, des activités se sont progressivement superposées, complexifiant la gestion du Samusocial. Depuis une quinzaine d’années, les pratiques sociales et la réglementation ont également beaucoup évoluées. Les acteurs se sont multipliés et ont progressivement mis l’usager au coeur de leurs interventions. Le Samusocial a été un des acteurs majeurs de ses évolutions mais paradoxalement, il demeure aujourd’hui figé dans ses pratiques.

Comme vous le rappelez Monsieur Gauthier CARON THIBAULT, la convention constitutive du GIP arrive à son terme en décembre 2011. La municipalité parisienne finance le Samusocial à hauteur de 3 millions d’euros et représente 40 % des voix du Conseil d’Administration. Dans ce contexte, notre municipalité entend bien revoir l’ensemble des principes fondateurs du GIP Samusocial, et faire des propositions pour ajuster son offre et son fonctionnement aux besoins des personnes à la rue.

En ce qui concerne le 115, il est indispensable de le faire évoluer pour que l’ensemble des acteurs en contact avec les publics en difficulté soit en possession des disponibilités des places. Cela suppose également que les travailleurs sociaux puissent contacter le 115 en direct, et que leurs propres évaluations sociales des personnes qu’ils prennent en charge soient enfin considérées.

S’agissant des maraudes, je solliciterai un audit auprès de la DDASS pour améliorer la coordination des interventions, et faciliter les liens avec les centres d’hébergement. En outre, cette réorganisation faciliterait l’admission de ces publics dans les centres de proximité, garantissant ainsi le respect du principe de l’accueil inconditionnel et celui de la non remise à la rue des personnes accueillies.

Ces évolutions devront effectivement être menées dans la prise en compte d’une dimension régionale comme la loi nous y invite, sans toutefois envisager une fusion des 115, ni effacer les particularismes locaux.

Afin d’aborder ces questions, j’ai demandé la tenue d’un séminaire le 17 novembre prochain qui réunira l’ensemble des partenaires du Samusocial. L’objectif est bien d’amorcer cette réflexion rendue nécessaire, tant au regard de ces éléments qu’à notre volonté d’aller au-delà de la résolution de l’urgence dans les réponses apportées aux personnes sans abri.

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