03 février 2009
Flash Info Compte-Rendu de Mandat - Intervention sur le Plan Départemental d'Insertion et prévention des effets de la crise sur l'emploi
Monsieur le Maire,
Mes cher-e-s Collègues,
Lors de la séance de notre Conseil du 7 juillet 2008, je prenais la parole sur un lot de délibérations prévoyant l’amplification de l’action des associations conventionnées pour aider les allocataires du RMI à être accompagnés afin de retrouver un travail. A cette occasion, je m’étais permis de rappeler que plus de 7400 RMIstes ne l’étaient plus suite à leur retour à l’emploi.
L’heure était à la satisfaction. A une satisfaction nous encourageant dans cette voie, d’autant plus que cette action devait être comprise à l’aune de la dette que l’Etat avait déjà à l’époque vis-à-vis des Parisiennes et des Parisiens. 126 millions d’euros depuis 2004 à son débit, mais à notre crédit 85% des allocataires suivis dans le cadre de processus innovants d’accompagnement vers le travail, doublement des retours effectifs à l’emploi et de ce fait baisse du budget des allocations versées au titre du RMI.
Aujourd’hui, s’il s’agit de continuer à renforcer ces dispositifs, il fallait leur faire faire un saut qualitatif.
Parce que la crise économique, dans son déroulé, commence aussi à avoir un impact sur Paris, ses habitants et ses entreprises. La crise sociale se voit et se vit moins dans des bassins d’emplois très urbanisés comme l’est Paris. Mais chaque montée du chômage, chaque période critique pour les entreprises se ressent dans la cohésion de notre ville.
Même si nous restons en dessous de la moyenne nationale, et même francilienne, du taux de chômage, nous commençons à connaître nos premières remontées avec une progression de 1,4% du nombre de chômeurs. En face, le nombre d’offres d’emploi diminue avec une baisse de 29% enregistrée pour la fin de l’année 2008.
A ce contexte, s’ajoute l’arrivée du Revenu de Solidarité Active et sa logique de « droits et devoirs » qui nécessite une très grande mobilisation du secteur social, alors même que l’Etat en réduit les crédits. Dans un même moule devront être coulés les 50 000 allocataires parisiens du RMI, les 4 500 de l’API et au moins 50 000 travailleurs pauvres dont aucun dispositif ne nous permet d’avoir un contact direct avec eux. D’ailleurs, à noter que ce chiffre concernant les travailleurs pauvres est pour l’instant très incertain car la convention assurance chômage étant en cours de renégociation sur le montant de son indemnisation, sans doute à la baisse, il est fort à craindre qu’un grand nombre de chômeurs soit de suite et de fait considéré comme travailleurs pauvres, éligibles aux RSA.
Notre Département ayant les responsabilités financière, juridique et fonctionnelle sur ce dispositif, il fallait donc redoubler de vigilance dans son application afin de ne pas en faire un outil qui pourrait se retourner contre les publics cibles par manque de préparation ou d’ambition.
C’est donc un Plan Départemental d’Insertion de crise, pour ne pas dire d’urgence que l’on nous demande d’approuver aujourd’hui. Et à cette crise, à cette urgence, nous avons choisi de répondre par la mobilisation des acteurs sociaux et par le soutien à l’activité économique des PME.
Puisque les risques d’une telle crise sont durables, l’objectif que la Ville a à s’assigner devait être ambitieux. Encouragés par les résultats obtenus suites aux orientations suivis jusqu’ici depuis 2004, l’objectif de 12 000 retours à l’emploi grâce aux mesures emplois du PDI en 2014 est loin d’être infaisables à condition de renforcer le maillage et les équipes d’acteurs sociaux déjà existant au profit des Parisiens les plus modestes.
Monsieur le Maire, mes cher-e-s collègues, mobiliser les acteurs sociaux passe d’abord par la formation et l’accompagnement des allocataires. C’est ainsi que, suite au vote de ce Plan Départemental pour l’Insertion, 300 places supplémentaires de formation pour RMIstes aux métiers aujourd’hui les plus demandés, essentiellement dans le service à la personne, seront ouvertes, avec un dispositif de passerelle linguistique destinés à ceux pour qui la langue est un obstacle au retour à l’emploi. Ce sera aussi la reproduction de deux dispositifs ayant fait leur preuve : le Plan Local pour l’Insertion et l’Emploi dans les 18ème et 19ème ardts et l’Ecole de la Deuxième Chance dans le 20ème ardt pour jeunes sans qualification. Le Grand Est de Paris accueillera l’un, quand le 18ème accueillera l’autre.
Mobiliser les acteurs sociaux, c’est aussi créer des emplois d’utilité sociale dans le secteur de l’économie sociale et solidaire, en effervescence, tant en terme d’idées qu’en terme d’emplois à développer, en particulier dans les régies de quartier. C’est la raison pour laquelle nous lancerons un appel à projet d’entreprises d’insertion et que nous créerons trois nouvelles coopératives d’activités et d’emplois.
Enfin, mobiliser les acteurs sociaux nous permettra d’apporter un accompagnement efficace aux 8 000 artistes bénéficiaires du RMI qui sont particulièrement touchés par la crise. Afin de prendre en compte la spécificité de leur profil et de leur secteur d’activité, une plateforme pour favoriser leur retour à l’emploi sera créée pour d’une part assurer une veille sur la disponibilité dans ce secteur et d’autre part les aider soit à développer, sur un temps donné, leur projet artistique soit à se reconvertir.
En quelques mots, tel est le premier acte des orientations qui nous est proposée aujourd’hui afin de permettre à 9 000 RMIstes de retrouver un emploi en 2009.
Le second acte concerne quant à lui le soutien que la Ville se doit d’apporter à ses entreprises en période de crise. En effet, notre position de client nous donne des responsabilités vis-à-vis des PME qui ne peuvent se permettre d’avoir leur carnet de commande ou leur trésorerie vide. La capitale doit aussi miser sur l’innovation, la recherche et les nouveaux métiers qui en découlent… Nos PME sont un vivier d’emplois que nous devons développer et surtout protéger en temps de crise afin d’éviter les licenciements risquant à terme d’augmenter le taux des allocataires du RMI.
Notre première action sera donc préventive afin de limiter autant que faire se peut les fermetures des PME. Elles se verront recevoir en 2009 20% du montant des marchés passés. Le doublement de notre participation aux fonds de garantie des PME, « Paris Finance Plus » permettra aux entreprises d’accéder plus facilement aux crédits par des garanties d’emprunts doublées. Enfin, pour les entreprises les plus fragiles, des dispositifs de type point info conseils seront ouverts dans les Espaces Commerces Artisanat, en partenariat avec la CCIP et le Tribunal de Commerce.
Nous saurons également prendre la mesure de notre place de collectivités locales. Le cadre Pluriannuel d’investissements pour Paris étant aujourd’hui connu, nous savons que nous investirons sous cette mandature 8,3 milliards d’euros dans le logement, le tramway ou encore les activités dépendant du Plan Climat. Cela a déjà été rappelé à plusieurs reprises : la Ville ne mollira pas sa volonté d’investissement, ce qui aura ainsi un impact direct sur les carnets de commande et donc la trésorerie des PME, meilleur moyen de limiter l’impact de la crise sur les emplois.
Enfin, et parce que c’est l’intérêt de Paris, les PME innovantes seront soutenues fortement afin de leur permettre de se faire connaître des donneurs d’ordre et acheteurs. C’est pourquoi les rencontres express de type « speed dating » organisées dans le cadre de Pacte PME seront renouvelées. Parallèlement à cela, une agence de l’innovation sera créée en 2009 afin de donner de la visibilité et de nouvelles opportunités sur la scène internationale aux plus innovants de nos entrepreneurs.
C’est donc par un tel soutien aux PME que la Ville de Paris souhaite prévenir les impacts de la crise économique sur nos emplois.
Monsieur le Maire, mes cher-e-s collègues, c’est un plan départemental d’insertion de 56 millions d’euros que vous nous demandez aujourd’hui d’adopter avec en objectif le retour de 9000 personnes à l’emploi. Cela se traduira par un parcours d’insertion amélioré que nous nous efforçons encore de rendre plus respectueux des allocataires et plus dynamiques dans ces propositions concrètes. Il est également le reflet de notre volonté de conforter l’insertion des allocataires par et dans l’emploi durable en contribuant à faire émerger de nouveaux emplois. L’originalité de ce dispositif réside aussi dans le fait qu’il se conjugue avec la mobilisation par la Ville des PME afin de prévenir l’entrée dans le chômage, et donc dans le risque du RMI.
La crise que nous traversons est une crise sans précédent par son ampleur, sa violence et sa gravité. Nous ne sommes qu’au début de l’apparition des aspects que nous allons vivre. Les Parisiens commencent déjà à la sentir, à des niveaux différents. Face à un gouvernement qui ne prévoit que 26 milliards d’euros pour une soit disant relance qui va se faire apparemment sans aucune proposition pour le pouvoir d’achat et la consommation – on nous expliquera comment – et face à l’instauration du RSA avec d’un côté des droits et des devoirs naturellement très contraignants et de l’autre une absence totale du financement des associations de réinsertion sociale, il est du devoir d’une collectivité locale aussi importante que Paris de prendre ce genre de dispositions. Car cela permet à une politique sociale de marcher sur ses deux pieds, par l’amélioration des parcours d’insertion et le développement des emplois accompagnés, et de compter sur ses deux bras, à travers le soutien aux viviers d’emplois et le support aux entreprises partenaires.
Monsieur le Maire, c’est ainsi, en responsabilité, quand d’autres se défaussent, que nous souhaitons occuper pleinement notre place et nos engagements à toujours plus de solidarités.
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