23 décembre 2008
A la sortie du camion (du Samu Social)
J’ai participé hier soir à une maraude du Samu Social de Paris, dont je suis administrateur, avec Olga Trostiansky, adjointe au maire de Paris en charge entre autre de la lutte contres les exclusions. L’expérience fut particulièrement enrichissante. Par le contact avec les maraudeurs et avec les maraudés. Quelques moments…
Le contact avec les maraudeurs…
14 maraudes tous les soirs en hiver, de 19H à 7H du matin, sur tous les arrondissements de Paris, 6 en été, dès fois 24 en hiver en période de très grand froid. Après un brief qui permet aux équipes d’un soir de récupérer les informations de la veille, les camions avec des équipes de 3 à 4 travailleurs sociaux se rendent sur les endroits des signalements afin de prendre contact avec les personnes à la rue. Le travail n’est pas simple. Il ne consiste pas uniquement à donner un sac de couchage ou un Bolino (il y a d’autres associations pour cela), mais à essayer d’amener ces personnes à accepter un hébergement ce qui facilite la mise en relation avec un assistant social.
L’action doit être pédagogique : donner trop facilement des moyens de se sentir « mieux » dans la rue empêche les personnes d’en sortir. J’en ai profité pour visiter le Centre d’Hébergement Yves Garel, dans le 11ème arrondissement. Plus d’une centaine de places, dans des chambres de 4 personnes. L’état de l’immeuble est déplorable et la Ville de Paris se donne tous les moyens de trouver un site accessible pour transférer l’activité. La bonne tenue et l’attractivité de ces endroits est capitales car ces centres donnent accès aux services sociaux, à des médecins, des pédicures, et permettent de se poser, de se reposer
Le contact avec les maraudés…
Je n’ai sans doute pas vécu les maraudes les plus dures. Mais le contact a été très simple et aisé. Beaucoup des personnes nous ont suivis et ont même demandé à venir. Bien sûr, on ressent bien les raisons des refus : la trop courte durée du séjour, l’impossibilité d’avoir des chiens, la promiscuité,… Les choses changent, la Mairie de Paris cherche à accompagner et à inciter ce changement pour créer des structures qui pourront accueillir ces gens qui refusent les structures lambdas.
Le public de la rue est de plus en plus jeune. Et à leur problématique sociale, s’ajoute une problématique administrative sur laquelle nous devrions plus nous pencher : l’âge de la jeunesse est l’âge de l’impossibilité administrative : pas assez vieux pour le RMI, déjà trop vieux pour la protection judiciaire, trop seul pour l’aide sociale. Le public de la rue est aussi de plus en plus malades, psychiquement : le fruit des coupes franches dans les budgets et de l’incapacité de l’administration à soutenir véritablement les projets novateurs d’établissements pour handicapés psy.
J’ai aussi été frappé par deux choses. Le début de l’approche du travail social, c’est la poignée de main avec la personne à la rue. Devant son écran d’ordinateur, dans son bureau, on dit « bien sûr ». Mais quand on est devant un « clochard », le mouvement de recul est premier. Mais on essaie d’oublier. Et la poignée de main redonne une dignité à la personne vers qui on va. Coup de grâce : quand vous partez, ceux qui disent « bon courage » ne sont pas les maraudeurs mais les maraudés.
Juste un coup de chapeau. A tout le personnel du Samu Social de Paris. 5 nuits travaillées, 2 nuits de repos, 2 nuits travaillées, 5 nuits de repos… 1300 euros net par mois. Parce qu’on pense toujours aux bénévoles (bravo aussi hein), pas souvent à celles et ceux qui font de cette action leur travail de tous les jours… euh… de toutes les nuits.
Samu Social de Paris
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