19 novembre 2008

5 raisons de voter Martine Aubry ce soir (et demain)



Les dernières parties des congrès ne sont jamais des choses aisées car après avoir fait vivre des différences entre nos motions (et je persiste, il y en avait), il nous est demandé de faire un choix parmi, en l’occurrence, trois personnes. Même si je suis d’accord avec Laurent Fabius (pas d’ironie pour le strauss-kahnien que je suis) qui disait que « nous n’avons jamais vu une idée traversée toute seule une salle », je rappelle à quel point l’exercice est complexe, non pas dans la finalité, mais dans l’argumentation.

Non pas dans la finalité, car avant même le vote, j’aimerai savoir le nombre exact de militants indécis. Mais dans l’argumentation, car la campagne pour le Premier Secrétaire National laisse fleurir des raccourcis idéologiques assez incroyables sous couvert d’argumentation. X, c’est la vraie gauche, Y a toujours pensé que, Z est la garantie de cela. Je crois que comme niveau de logique dans l’argumentaire, même le baron d’Holbach aurait des leçons à donner.

Mais bon, militant et responsable au sein de mon parti, je vais essayer de donner mes 4 raisons qui me font voter Martine Aubry, en essayant de ne pas tomber dans le travers que je viens d’annoncer.

1/ Je vote Martine Aubry car je ne suis pas d’accord avec Ségolène Royal sur la stratégie des alliances. Ce congrès a au moins permis à certains camarades de clarifier leur position sur le Modem. Selon eux, il faut rassembler au premier tour et s’associer aux centristes au deuxième tour car sinon nous ne gagnerons pas les élections. Je ne partage pas cette vision. Je crois que dans un premier temps, la gauche doit se réformer afin de reconquérir les voix qui par le passé lui ont échappé à force de ne plus traiter la question de la modernité économique, sociale et démocratique ainsi que l’ambition européenne. Si nous pouvons faire ce travail sur nous même, cette « réformation » comme on dirait dans certains milieux, je crois que nous pourrions reconquérir tout un peuple qui peine aujourd’hui à se dire de gauche.

2/ Je vote Martine Aubry car, à Reims, je ne l’ai pas sifflé mais j’ai été choqué. Choqué d’une part par une approche peu laïque de la politique, mais surtout choqué car selon elle, aujourd’hui, avec les précaires, les exclu-e-s, les isolé-e-s, il faut avoir une attitude « maternelle ». Spontanément, avec les gens qui viennent me voir en permanence pour évoquer leur problème d’emploi, de logement, de santé,… j’ai plutôt envie de parler d’orientation sociale, de dignité et avec mes camarades, j’ai plutôt une appétence à parler des combats à mener pour obtenir plus de moyens et des réformes intelligentes du système pour garantir à tous et toutes un Etat social efficace qui puisse être un vrai appui dans l’émancipation. Le fait d’évoquer ce « sentiment maternel » est pour moi l’injure la plus parfaite que l’on peut faire à tout le milieu du travail social et à l’éthique même du socialisme.

3/ Je vote Martine Aubry car Jean-Pierre Mignard, président de Désirs d’Avenir, m’a donné une vraie leçon de gauche lors de l’Assemblée Générale des Socialistes Parisiens. Il a avancé que l’essence même, le rôle le plus absolu, l’ambition première du socialisme était de tisser des liens entre notre parti et la société civile. Certes. Ne faisons pas cependant comme si cela n’existait pas. Que la société civile s’analyse aussi, ce serait déjà pas mal. Mais ce discours de Mignard a donné corps à l’expression souvent utilisée dans ce congrès : ancrer le parti sur les questions sociales. Nous répétons nous quand nous disons que ce qu’attendent de nous aujourd’hui les Français-e-s, les Européen-ne-s et tous les autres, c’est que l’on débatte sur les réponses à apporter aux injustices sociales plus que sur les moyens de prendre nos décisions ?

4/ Je vote Martine Aubry car je crois que Benoît Hamon fait une erreur stratégique et qu’il pêche par orgueil. Il est jeune, finalement il est le seul à incarner véritablement le renouvellement si on considère que le fait de l’âge suffit à cela. Il a fait un très bon score dans ce congrès. Quel besoin d’aller au vote sur son nom alors qu’il avait l’occasion historique de faire partie des constructeurs d’une nouvelle majorité qui demain lui aurait permis de faire vivre ses idées dans le cadre des Conventions que tout le monde a promis ? Pourquoi risque-t-il de se corneriser dans l’élection du Premier Secrétaire National où la guerre du vote utile fait rage ? Dommage pour lui mais dommage aussi pour nous car cette candidature n’est à mon avis pas responsable devant les enjeux énormes pour la survie de notre parti.

5/ En une phrase seulement : je ne voterai pas Ségolène Royal car je ne veux pas que Georges Frêche réintègre notre parti.

Clair ?

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