27 octobre 2008
Pour le congrès de l’espoir
Parce que le jour où il a refusé d'y aller, Jacques Delors a créé dans le salon de la maison de ma jeunesse un silence assourdissant, une crainte désespérée et un abattement de mes parents qui avaient avec tant de joie porté la Gauche au pouvoir dans les années 80;
Parce que l'Europe qu'il a contribué à construire est la pierre angulaire de l'identité politique d'une génération qui s'est construite avec la chute du Mur de Berlin, la lutte contre le racisme et l'avènement d'une ère nouvelle mondialisée;
Parce qu'aujourd'hui si la Gauche ne veut pas rater le coche et continuer à comprendre le réel pour changer les choses et atteindre son idéal sans succomber à ce qu'elle a toujours dénoncer;
Cette prise de position d'un acteur socialiste des plus importants me semble intéressante et pertinente.
Au point où en sont les choses, il est vital que les socialistes confrontent leurs analyses et leurs projets soumis aux suffrages des militants.
L’ampleur de la crise rend plus nécessaire que jamais, en France, l’existence d’une opposition unie, forte et capable de critiquer, de contre proposer et parfois d’approuver les initiatives et actions du Gouvernement. C’est la condition pour que le Parti socialiste soit à nouveau investi par l’élection nationale et en mesure d’exercer un pouvoir juste et efficace, au service de la France et de tous les Français.
Il s’agit, en premier lieu, de réaffirmer et de faire vivre les valeurs qui ont fait, depuis la Dernière Guerre, les succès des mouvements social-démocrate et socialiste, en Europe comme en France. Pour moi, ce sont la liberté, la solidarité, la responsabilité personnelle et collective, le vouloir vivre ensemble, le respect de l’autre.
Certes, le plus difficile est de traduire, aujourd’hui, ces valeurs dans des politiques qui répondent aux multiples défis adressés à la France et à l’Europe : démographiques, technologiques, écologiques, économiques et sociaux. Des politiques qui surmontent les obstacles dressés par un individualisme exacerbé ou par la revendication d’une société à risque zéro.
La France n’y arrivera pas si elle succombe aux attraits du populisme ou aux illusions de la gesticulation médiatique.
Bien sûr, elle doit s’adapter, mais dans le respect du meilleur de ses traditions. Son succès est lié à une relance de l’Europe afin que nous puissions, nous les européens, défendre nos intérêts légitimes, agir au service de la paix et du développement durable pour tous. Et, dans le même temps, faire avancer, pas à pas, les régulations indispensables à l’échelle mondiale. Puis-je rappeler, en passant, que j’avais, à cette fin, proposé dès 1993 la création d’un Conseil de Sécurité Economique auprès de l’ONU.
L’Europe et la France, ce n’est pas seulement cet idéal d’union dans la richesse de nos diversités. C’est aussi la voie incontournable pour affirmer nos identités, notre patrimoine, notre souci d’équilibre entre l’individu et la société. La France qui réussit, qui influence, c’est la France qui, non seulement prend des initiatives, mais utilise les armes du dialogue, de l’écoute des autres, de la persuasion, du compromis dynamique.
Malheureusement, les socialistes n’ont pas, ces dernières années, pesé suffisamment sur le sort de la construction européenne. Ils se sont divisés lors du référendum de 2005. D’où des rancœurs -tenaces ou opportunes selon les cas- qu’il faut absolument surmonter pour retrouver tous ensemble les fondamentaux d’une politique européenne ambitieuse. Ce fut possible et productif durant les présidences de François Mitterrand.
C’est au regard de ces réflexions que j’ai lu avec attention et intérêt les différentes motions proposées au Congrès de Reims.
La motion D est celle qui répond le mieux à ces orientations et qui, bien plus encore, ranime mon espoir dans un avenir meilleur et fraternel.
Jacques Delors
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