20 octobre 2008

Souriez, vous êtes filmés...


Aujourd’hui, première journée du Conseil de Paris de fin octobre. J’avais bien l’intention d’écrire ici deux ou trois mots du budget et des orientations que nous voulons donner à la Ville de Paris pour l’année 2008. Cela me semblait légitime. En effet, dans un contexte où la crise économique va avoir des impacts importants sur la situation sociale de nos concitoyen-ne-s, nous allons, nous, Ville de Paris, devoir assurer la nécessaire solidarité, alors même que l’Etat et le gouvernement Sarkozy-Fillon se désengage de ce domaine d’action.

Et dire quelques mots sur notre volonté maintenue de faire du budget du logement et de la solidarité le premier de la Ville, l’augmentation des dépenses de solidarités intergénérationnelles ou encore notre engagement fort en matière de création d’emploi ne me paraissait pas vain pour tordre le cou aux arguments (arguties ?) de la droite faisant feu de tout bois en sautant sur le très modéré redressement du taux d’imposition des Parisien-ne-s (quelques euros par an, nous gardant encore toutefois deux à trois fois en dessous du niveau marseillais et bordelais) et sur l’instauration d’une taxe pour les propriétaires afin de réparer cette situation étrange qui faisait que seul Paris avait droit à ce privilège.

Mais je crois qu’il est bon de ne pas passer sous silence un document que la Préfecture a fait déposer sur nos pupitres aujourd’hui : la liste et l’emplacement des futurs 1 000 caméras (officiellement 1226) qui vont émailler Paris, dont 30 dans le 3ème Ardt, sur demande de la Préfecture de Police.

Voici, je ne sais pas si cela est un scoop, la liste des emplacements qui vont être sous peu filmés :

Croisement rue Blondel / rue St Martin
Croisement rue Papin / rue St Martin
Croisement rue Réaumur / rue St Martin
Croisement bd Sébastopol / rue de Turbigo
2 au Croisement rue Vaucanson / rue Réaumur
Croisement rue Volta / rue de Turbigo
Croisement rue du Vertbois / rue Montgolfier
Croisement rue du Vertbois / rue de Turbigo
Croisement rue ND de Nazareth / rue de Turbigo
Croisement rue Meslay / rue de Turbigo
Croisement rue de Bretagne / rue du Temple
2 au Croisement rue Perré / rue Spuller
Croisement rue de Picardie / rue de Franche Comté
Croisement rue Charlot / Bd Temple
2 au Croisement Bd Temple / place République
Croisement rue des Filles du Calvaire / Bd Temple
Croisement rue des Filles du Calvaire / rue du Temple
Croisement rue du Temple / rue de Poitou
Croisement rue Saint Claude / Bd Beaumarchais
Croisement rue des Tournelles / Bd Beaumarchais
Croisement rue du Pas de la Mule / Bd Beaumarchais
Croisement rue des Francs Bourgeois / rue de Turenne
Croisement rue de la Perle / rue Vieille du Temple
Croisement rue du Temple / rue Rambuteau
Croisement rue des Archives / rue de Rambuteau
Croisement rue Beaubourg / rue Michel Le Comte
Croisement Bd Sébastopol / Bd St Martin
Une au milieu de la première partie de la rue ND de Nazareth

Première réaction : les localisations…
Selon la Préfecture, les choix des endroits ont été faits afin d’assurer un efficacité accrue de la police dans deux domaines : la circulation et la sécurité. Or, si l’on peut comprendre qu’il y a certains endroits à surveiller plus particulièrement car très fréquentés ou au contraire peu visités, il me semble qu’il y a quelques endroits qui sont de trop dans cette liste… Je n’en fais pas la liste, celles et ceux qui habitent le 3ème, localiseront eux-mêmes et s’en étonneront, j’en suis sûr…

Deuxième réaction : le nombre…
Le chiffre de 30 parait sans doute important. Ce n’est cependant pas l’ordre de grandeur qui effraie le plus. En effet, si un usage raisonné peut à certains endroits servir et être efficace, je ne savais pas que les 7ème et 8ème arrondissements avaient un tel besoin puisque à eux deux, ils ont plus de caméras que le 19ème et le 20ème arrondissements réunis. J’avoue avoir du coup quelques difficultés à comprendre ce qui a présidé aux choix du nombre et des emplacements…

Troisième réaction : pourquoi plus les jardins et espaces publics ?
Par nature, j’ai envie de considérer ces deux types d’endroits comme des endroits un peu particuliers tant par leur fréquentation, principalement des enfants, ou par leur symbole, lieux publics (et j’ai déjà dit ailleurs que nous avions un devoir particulier relatif à ce qui s’y passe). A partir de ce moment, j’ai du mal à considérer que la vidéosurveillance (ou vidéoprotection, c’est selon) soit la meilleure des solutions aux situations problématiques qui peuvent s’y dérouler. A l’époque du fichier Edvige, je fais encore confiance à la médiation, à la prévention et à la présence humaine.

Quatrième réaction : la logique même de tout cela…
A regarder la carte parisienne, on a tôt fait de comprendre que la politique sécuritaire du gouvernement, déclinée à Paris, se traduit par le déploiement massif des caméras. Mais cette politique a déjà été menée et a déjà été l’objet de diverses analyses critiques. Londres est à ce titre le meilleur exemple, ou plutôt contre-exemple : 400 à 500 000 caméras ornent le territoire londonien depuis les années 70. Cependant, et de l’aveu même de Scotland Yard, seul 3% des actes criminels résolus le sont grâce à la vidéosurveillance ! D'autant que selon l'avis de spécialistes de plus en plus nombreux, cette stratégie ne fait que déplacer les problèmes, sans être plus efficace dans leur traitement, contrairement à la volonté affichée par le Préfet.

A ce titre, quand l’impact de la vidéosurveillance semble être si minime, on peut légitimement remettre en cause la nécessité d’en accueillir autant sur notre territoire et demander avec la plus grande fermeté à la Préfecture à ce qu’un comité de suivi soit mis en place très rapidement afin que la Mairie de Paris puisse avoir un œil averti sur l’usage qui en serait fait, ainsi que sa nécessité.

1 commentaire:

Unknown a dit…

Bravo pour ton billet camarade !
Jean-François