16 mars 2011

L’Hôtel Dieu n’est pas encore mort !


Hier soir, à 19 heures, Dominique Bertinotti, Maire du 4è, et Pierre Aidenbaum, Maire du 3e, organisaient une réunion publique dans la salle des mariages de sa Mairie, consacrée à l’avenir de l’Hôtel Dieu. Jean-Louis Pourriat, 1er adjoint au maire du 4e, urgentiste bien connu, et moi-même, étions présents pour la soutenir ce combat contre le projet et la volonté délibérée du gouvernement de fermer l’hôpital.

La situation de l’Hôtel Dieu est critique depuis de nombreuses années, l’état du bâtiment imposant de très importantes restructurations. Les contraintes du bâti rendent cependant impossible la construction d’un grand hôpital moderne hébergeant des malades. Se rajoute également à cela, la nécessité de mettre l’immeuble aux normes incendies. Le risque d’une fermeture est réel mais serait inacceptable, l’Hôtel Dieu, plus ancien hôpital de Paris et d’Europe occidentale (crée en 651), devant continuer à offrir un accès à des soins de qualité et de proximité.

De ce fait, en décembre 2008, Jean Marie LE GUEN, associé à Benoît LECLERCQ, Axel KAHN, Sciences-Po, l’Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique et l’INSERM, ont proposé, au Maire de Paris, un projet ambitieux et novateur pour le site : un « Hôpital universitaire de santé publique ». Cette réorganisation avait pour ambition de spécialiser et renforcer le rôle de l’Hôtel Dieu en offre de soins de proximité, tout en maintenant le service des urgences 24 heures sur 24, d’instaurer des services spécialisés en dermatologie, ophtalmologie, diabétologie et chirurgie (offrant, ainsi, des soins ambulatoires pour toute l’agglomération parisienne), de faire de ce lieu un centre de référence et d’excellence internationale en réunissant sur le même site des activités de médecine préventive, d’épidémiologie et de recherche clinique, de laboratoires de recherches et enfin, de transformer l’Hôtel Dieu en un espace ouvert au public, accueillant des expositions temporaires et des lieux d’expression citoyenne sur la santé

Ce projet, qui visait à maintenir l’hôpital public au cœur de la capitale et à promouvoir la santé publique comme une priorité de demain, s’est cependant vu modifié sans aucune concertation. Dans une dépêche AFP du 4 mars 2011, Mireille Faugère, nouvelle directrice de l'Assistance Publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP), a, en effet, annoncé sa décision d'installer les bureaux du siège de l’AP-HP à l'Hôtel-Dieu, pour en « valoriser les biens immobiliers ». Selon Bertrand Delanoë, le nouveau projet médical de l’APHP ne semble donc pas conforme au précédent, qui, lui, avait l'approbation de la communauté médicale, puisqu’il était centré sur les urgences, la médecine ambulatoire et la création du premier Hôpital universitaire de santé publique axé sur la prévention et le dépistage. Le Conseil de Paris s'était d’ailleurs prononcé lors de sa séance des 8 et 9 février 2010 pour que ce projet de reconversion soit poursuivi.

Car, si le projet d’hôpital universitaire de santé publique semble maintenu, les contours et le contenu précis envisagés par Mme Faugère, restent flous, la place faite à la santé des étudiants, n’étant, par exemple, pas clairement définie. De plus, la part laissée à l'offre de soins dans ce nouveau projet soulève de vives inquiétudes, les activités d’hospitalisation complète et de chirurgie ambulatoire étant désormais transférées vers l’hôpital Cochin. L’objectif premier pour le centre de Paris d'un grand pôle de soins ambulatoires médicaux et chirurgicaux associé à des urgences, a donc disparu sans concertation. L’absence d’informations concernant l’environnement médical et technique est également problématique.

Nous assistons, une fois de plus, au démembrement du service de santé publique parisien, par une diminution de l’offre de soins et le remplacement des lits par des bureaux. Cette politique budgétaire et court-termiste, qui prévaut sur toutes les considérations d’ordre sanitaire et social, balaie, dès lors, un projet d’avenir ambitieux pour le seul hôpital des 9 premiers arrondissements de Paris et la recherche en santé publique. Elle risque, de surcroît, d’entraîner un risque pour les patients !

L’Hôtel Dieu peut encore devenir le symbole de l’innovation en matière de santé, dans un contexte où les avancées du savoir, le progrès médical, la veille technologique et l’innovation thérapeutique ont profondément bouleversé l’approche de la maladie, les relations entre patients et praticiens ainsi que l’implication de la société et de la politique dans ce domaine. Pour cela, nous devons faire fonctionner notre imagination et mettre sur pied des mobilisations de coordinations plurielles. Des pétitions combinées à des actions devant l’établissement hospitalier sont à prévoir, le blog de l’Hôtel Dieu, étant, pour sa part, déjà réactivé.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Vous aviez l'air passionné sur la photo...

Bon sinon, personnellement, je pense qu'il faut bien réaliser que l'hôpital public, en déficit chronique ne peut pas soutenir le niveau actuel. Beaucoup d'hôpitaux parisiens sont très vétustes. Alors bien sûr, comme vous, je suis attaché au symbôle. Mais je crois qu'il faut se rendre à l'évidence, on n'a plus vraiment les moyens de nos ambitions en France, la faute aux déficits... Pourquoi ne pas transformer cet hôpital en maison de retraite? Cela aurait de la gueule comme projet non? Cela permettrait de conserver un peu l'esprit du lieu d'origine.