12 janvier 2011

Deux nouveaux squats à Paris : avenue Matignon… et rue de Turenne!



(Photo prise de l'intérieur du bâtiment)

Ca y est ! Jeudi Noir occupe un nouvel immeuble ! Et quel immeuble ! Avenue Matignon, mazette… Je m’y suis d’ailleurs rendu aujourd’hui pour leur apporter mon soutien (encore et toujours !) Espérons qu’AXA, le propriétaire, saura retrouver le chemin de la raison en redonnant à cet immeuble sa vocation à être utilisé… Et espérons que la Préfecture arrêtera de bloquer illégalement l’accès à cet immeuble…



J’y étais ce soir avec quelques autres élu-e-s à l’appel de Jeudi Noir et ce que j’y ai vu est affligeant… Alors même qu’AXA n’a déposé qu’une plainte, que rien a été jugé, que selon constat d’huissier, les occupants sont là depuis plus de 48 h et sont donc réputés y avoir élu domicile, un cordon de CRS empêche l’entrée, la sortie, le ravitaillement, l’aménagement. Cette procédure ne serait valable que si un juge l’ordonnait. Là, il y a tout lieu de parier qu’il y a voie de fait ou alors il faudrait que la Préfecture avance des justifications très précises sur son attitude. C’est après plusieurs minutes au téléphone avec la Préfecture que seul-e-s les élu-e-s ont réussi à pénétrer à l’intérieur pour y rester une heure environ et y amener de menus objets. Même le ravitaillement a été dur : nous ne pouvions faire passer des fruits que un par un ! Quand j’en suis parti, les occupants n’avaient toujours pas pu réintroduire les lieux… Quelle honte…



(La nouvelle galerie d'art du 3e dans le squat)

L’autre squat est situé dans le 3e arrondissement ! Le fameux immeuble dit CCA, au croisement des rues Bretagne, Vieille du Temple et Turenne, propriété de Madame Piffaut, 27e fortune de France, actionnaire majoritaire de plusieurs (très) grands noms de l’agroalimentaire ! Il est squatté depuis la toute fin 2010.

Depuis 15 ans, nous avons tenté plusieurs fois de l’inciter à faire quelque chose de son immeuble (800m²) ! Soit à l’amiable en lui proposant de racheter ou de louer, soit de manière coercitive en faisant jouer des procédures d’abandon manifeste. Elle décida cependant de le réhabiliter et de le garder pour elle. Soit. Du moment qu’elle en fasse quelque chose…

Du moment que… Nous ne la connaissions pas suffisamment pour nous douter à quel point elle pouvait être perverse ! Oui, elle a réhabilité son bien. Oui, il n’y a plus cette verrue laissée à l’abandon et aux pigeons alors que Paris a 120 000 demandeurs de logements. Oui, l’immeuble est magnifique, tout de peinture blanche vêtue… Mais cet immeuble, Messieurs-dames, figurez-vous, qu’il a vocation commerciale (au rez-de-chaussée), d’habitation avec un seul duplex aux deux derniers étages et professionnelle sur le reste avec un loyer de 500 000 euros l’année pour un seul preneur de l’ensemble du bien et de ses vocations !!! Et il se dit même qu’elle a eu des propositions sérieuses mais qu’elle refuse d’y donner suite…

Alors tant mieux si son immeuble s’est fait squatter*, car un droit de propriété utilisé comme cela ressemble à un abus. Rappelons que dans certains pays le fait de ne rien faire de sa propriété n’est pas un droit mais un délit ! Il y a aujourd’hui une quinzaine de jeunes précaires artistes qui vivent dedans et qui ont ouvert une galerie d’art au rez-de-chaussée. J’ai eu l’occasion de la visiter en compagnie de Géraldine, la responsable du lieu, que j’avais déjà croisée au squat par Jeudi Noir du 80 rue de Turenne. Pour l’instant, aucun problème avec le voisinage, ils ont même l’intention d’ouvrir leur galerie au grand public !

Si seulement, cela pouvait aussi ramener Madame Piffaut à la raison, lui donner l’idée d’en faire quelque chose : de le vendre à la Ville (une dizaine de logements sont réalisables !), de le mettre dans un dispositif d’intermédiation locative sociale ou de le louer à une activité économique, ce qui créerait de l’emploi dans le 3e ! Mais qu’elle ne soit plus ainsi à ne rien avoir à faire de celles et ceux qui perdent leur avenir à être mal logés…

Et si elle nous lit (elle parait qu’elle lit très attentivement ce qui se dit sur son immeuble) et si elle souhaite négocier avec la Mairie du 3e une destination sociale pour son immeuble, notre numéro n’a pas changé 

*D’ailleurs, s’il s’est fait squatter, c’est qu’il n’était pas gardienné, ce qui montre bien tout l’intérêt qu’elle porte à ce bâtiment !

4 commentaires:

Anonyme a dit…

Là vous me décevez beaucoup cher Gauthier... Comment pouvez vous soutenir ainsi une action aussi illégale? Ne pensez vous pas que vous feriez mieux de vous interroger sur les raisons profondes de ces actions et en tirer des enseignements politiques en construisant des logements privés en plus grand nombre afin d'accroître l'offre sur le marché privé disponible pour tout le monde? Ceci permettra aussi de faire baisser les prix à terme.

L'explosion du nombre de logements sociaux à Paris pose de nombreux problèmes : assèchement du marché privé à cause des nombreux rachats d'immeubles du marché privé, problèmes liés à la concentration des logements sociaux (drogue, délinquance, etc...), explosion des impôts locaux sur les classes moyennes et supérieures pour financer des logements sociaux uniquement accessibles aux classes modérées, etc etc...

Bref, vous devez donc changer de politique pour avoir une politique plus juste! Et arrêtez de cautionner des actions illégales, c'est juste immoral. Vous devez passer par la voie légale si ces logements vides ne vous conviennent pas. Après tout, cet assureur ne fait rien d'illégal lui contrairement à ces squatteurs. Si la loi ne vous convient pas, changez la, vous êtes en position pour ça non?

Amélie Nioche a dit…

Anonyme a dit...
Anonyme me choque...depuis quant la création de logement sociaux créer de la délinquance..!!? Les gents a la rue posent bien plus de problèmes.. c'est évident..!!
Oui je suis aussi choquée par tous cet logements vides un peu partout dans Paris et en province ...
Pourtant,je suis pour le droit a la propriété ...mais il n'y a pas de droits sans devoirs...devoir s'occuper de ses propriétés justement...car comment faire avec de grands propriétaires qui ne savent que faire de leurs biens..d'une part..et de l'autre des gents pleins d'idées,de talents,de forces créatrices a qui ils ne manquent qu'un peu de moyens..notamment d'espaces...vous nous parler de politique plus juste "anonyme"et bien ou se trouve la justice ici?!!
Je vous pris de croire qu'illégal cet collectifs le sont...mais bien malgré eux...c'est justement face a l'injustice..que la nécessité s'impose..
Amélie N.
Artiste en mal de lieu d'expression..

Vivre le Marais ! a dit…

Le loyer annuel que vous mentionnez, M. Caron-Thibault, a perdu un zéro. C'est de 500.000 € (et non 50.000) qu'il s'agit, sauf erreur de notre part.
Nous n'encourageons pas les occupations illégales, car si on admet que la loi puisse être bafouée dans certains cas, on verse dans l'arbitraire qui est la voie vers le totalitarisme. Mais ces gens que nous connaissons maintenant ont notre sympathie. Il faut qu'un accord d'occupation précaire soit conclu en bonne et due forme avec un terme sur lequel chacun s'engage. Nous rentrerons ainsi dans un semblant de légalité.
Vivre le Marais !

Gauthier Caron-Thibault a dit…

@ VLM: effectivement, la modification est faite. Modérons cependant les mots... il y a bien loin entre le totalitarisme et cette action militante... La loi s'appliquera si Madame ne daigne pas trouver d'arrangement avec eux... Mais ce type d'action et ces décisions des tribunaux (très franco-françaises!) permettent de faire avancer la législation et l'opinion...
@ Anonyme: Amélie Nioche, que je remercie, vous a parfaitement répondu...