23 décembre 2010

Si tu es prêt à sacrifier un peu de liberté pour te sentir en sécurité, tu ne mérites ni l’une ni l’autre.*


En guise de cadeau de Noël, le gouvernement nous a concocté un joli cadeau dans la plus pure tradition de ce qu’il sait faire. Il s’agit d’un texte de loi à l’acronyme plutôt amusant, LOPPSI, mais à la réalité beaucoup plus inquiétante.

Loi d’Orientation et de Programmation pour la Performance de la Sécurité Intérieure. Disons plutôt un inventaire à la Prévert reprenant d’une part les mesures préconisées par Nicolas Sarkozy dans son désormais fameux discours de Grenoble et d’autre part un conglomérat de mesures sans lien évident les unes avec les autres. Citons pour exemple la création d’un délit d’usurpation d’identité sur Internet en passant par la lutte contre les sites pédopornographiques, le délit de vente à la sauvette ou encore l’encadrement de la sécurité privée…

Il y avait certainement des réajustements à faire, de nouvelles formes de délinquance à mieux combattre,… mais il ressort de ce texte un sentiment de Père Fouettard particulièrement nauséabond. Décryptage avec à l’appui quelques nouveaux délits…

Il consacre l’idée qu’un délinquant l’a toujours été et le sera toujours. Les peines planchers et la double peine remettent en cause la possibilité pour l’appareil judiciaire d’estimer qu’une personne s’est réinsérée.

Il promeut l’idée qu’un délit n’a comme source que le manque d’outil judiciaire pour l’empêcher. Le couvre feu des mineurs de 13 ans en est la résultante. Plutôt que de travailler à retisser les liens familiaux, à redonner de la puissance aux services publics, à soutenir le périscolaire, tout bonnement, on s’en prend aux conséquences et non aux causes d’une politique sociale brutale du gouvernement.

Il ressort de vieux démons en surfant sur le manque d’informations de la population pour justifier des atteintes aux libertés individuelles. Le dépistage sans consentement sera autorisé dès qu’un agent des forces de l’ordre aura été mis en situation de possible contamination. Cela fait 10 ans que le principe du libre consentement avait été acté au motif de la libre disposition de son corps. Mais le pire est la réponse du ministre Hortefeux justifiant cette mesure par le « courrier de l’épouse d’un gendarme mordu par une personne peut-être contaminée ». Quelles méconnaissances des réalités scientifiques de la transmission des virus… Je vous laisse lire le communiqué de presse d’Homosexualités et Socialisme à ce sujet.

Il utilise le domaine de la loi pour étouffer des mouvements politiques. Je veux parler du mouvement contre les logements chers ou indignes ou vacants. Que penser aujourd’hui du fait que demain une décision d’expulsion purement administrative, prise par le Préfet, va pouvoir se substituer à une décision d’expulsion purement judiciaire, prise par le Juge, suite à un procès équitable ? Le gouvernement a-t-il donc peur de Jeudi Noir, du DAL et d’autres structures qui dénoncent sans cesse le comportement de certains propriétaires iniques ? A-t-il peur que le sujet du logement où il échoue lamentablement, alors que la gauche y réussit plutôt, devienne le cœur des prochaines échéances électorales ?

En tous cas, voici bien une loi qui ne correspond nullement à l’intérêt général ni aux idéaux républicains… et qui privilégie une nouvelle culture de la sécurité : celle du résultat à outrance, celle de la création de délits et de peines, celle du chiffre. Mais absolument pas du tout celle des moyens, des effectifs humains, des objectifs sociaux. Celle qu’au Parti Socialiste, nous voulons et qui compose notre Pacte National de Protection et de Sécurité Publique.


* Thomas Jefferson

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Quand je vois comment mes voisins foutent le bordel ce soir, je me dis que Sarkozy ne fait pas assez de lois. Il devrait faire des lois pour condamner les bailleurs sociaux qui refusent d'expulser les personnes causant des troubles répétés et anormaux de voisinage. Ce soir, la musique est si forte que même avec un casque anti bruit sur les oreilles, c'est à la limite du supportable!

Sur ce, bonne année 2011, continuez sur cette mauvaise pente, on va tout droit dans le mur grâce au PS à Paris...