Il est des rues dans lesquelles on vit, dans lesquelles on ne fait que passer, des rues qu’on évite… et des rues où l’on disparaît.
La rue des Gravilliers, la rue Au Maire font partie de ces rues qui peu à peu développent les mêmes caractéristiques que le triangle des Bermudes.
Hier soir, j’étais avec une grande partie des élu-e-s du 3ème ardt au commissariat de la rue aux Ours afin de tenter d’obtenir la libération d’un parent sans papier arrêté l’après-midi même rue des Gravilliers. Arrivés sur place, nous apprenons qu’il ne s’agit pas d’un mais de 7 sans papiers qui ont été interpellés au même moment dans la même rue… et bien sûr sur la même réquisition préfectorale et pour le même motif : ne pas avoir eu la bonne idée d’accompagner de papiers dûment en règles une vie de famille épanouie, laborieuse, tournée vers l’éducation d’enfants nés ici.
Coachés par Patricia Brebion, notre élue active au sein de RESF, nous sommes donc restés à plusieurs dans le hall du commissariat jusqu’à l’arrivée de Pierre Aidenbaum. Honneur au Maire oblige, ce dernier a pu avoir accès à des documents que ni Camille Montacié, adjointe au maire de Paris, ni moi, conseiller de Paris, n’avions pu obtenir. Par son biais également, nous avons pu remettre des documents concernant l’intégration de cette famille (certificats scolaires,…) qu’à l’origine les officiers refusaient de nous prendre…
Le lendemain, la mobilisation a continué. Une mobilisation active devant l’école de la rue Brantôme, où est scolarisé la petite fille du parent arrêté. Une mobilisation plus sourde de la Mairie a été menée où j’ai envoyé de nombreux textos vers mes contacts de la préfecture…
Tout cela a payé car nous avons pu obtenir la libération de Monsieur. Mais au passage nous avons appris la libération de 3 autres personnes dans d’autres arrondissements pour les mêmes raisons : attaches familiales très fortes. Ce qui signifie donc qu’hier après midi toute la Ville de Paris a été le lieu d’une grande chasse à l’homme et que à n’en pas douter elle aura porté malheureusement ses fruits…
Ses fruits ? donner du chiffre, donner du corps à l’identité nationale, donner de la consistance à toute une classe politique qui deshumanise, qui montre du doigt, qui harcèle toute une partie de notre population, de notre histoire, de notre future.
Derrière cela, il y a cependant une autre réalité : celle du coût dépensé (12 à 22 000 euros dépensés par expulsion) qu’il faut remettre en perspective de notre problème de démographie, de la perpétuelle mixité de notre population, de tout ce qu’apporte ces gens à notre économie et aussi, tant qu'à faire, des Droits de l'Homme.
Peut être qu’un dîner entre Madame Lagarde, qui veille à notre pouvoir d’achat, avec Monsieur Hortefeux, qui veille à notre identité, pourrait arranger les choses…
2 commentaires:
Je te confesserai qu'une idée m'effleure parfois l'esprit, fugace, l'Etat perdant dignité et crédibilité n'a plus de légitimité ... idée sur drapeau noir, le temps d'un battement d'aile de papillon ...
Avec toi, une foi, elle, demeure inébranlable celle de la raison d'être de l'Etat ... une certaine vision de la République, venant du cœur et de la volonté. République de dignité et de sourires.
Devant conserver le silence encore quelques années pour raison pro, j'espère néanmoins retrouver un jour le plaisir de militer à tes côtés. Construire la République à défaut de l'Etat.
Merci camarade pour ta profonde fidélité à celui que tu es.
JB de St Anne
"j'espère néanmoins retrouver un jour le plaisir de militer à tes côtés"
Cette phrase doit-elle me faire comprendre que nous nous sommes déjà croisés?
JB de St Anne, n'hésite pas à te dévoiler. J'aime à réunir et réussir mon passé.
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